Soirée Jerome Robbins/Mats Ek : épisode 1
Mardi 13 mars. Soirée Jerome Robbins/Mats Ek par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier.
Dances at a Gathering de Jerome Robbins, avec Ludmila Pagliero (Rose), Eve Grinsztajn (Mauve), Muriel Zusperreguy (Jaune), Agnès Letestu (vert), Mélanie Hurel (Bleu), Mathieu Ganio (Marron), Karl Paquette (Violet), Benjamin Pech (vert), Alessio Carbone (Brique) et Christophe Duquenne (Bleu).
Appartement de Mats Ek, avec Marie-Agnès Gillot (Le bidet), Clairemarie Osta (La cuisinière), Alice Renavand (La porte), Amandine Albisson (Pink), Christelle Granier (Sac à dos), Laure Muret (Hat), José Martinez (la TV), Jérémie Bélingard (la cuisinière), Nicolas Le Riche (la porte), Audric Bezard (Romoli), Simon Valastro et Adrien Couvez (Embryon).
Alors que se donne à Bastille le grand classique Bayadère, le Palais Garnier vibre en ce moment sous les pas de Jerome Robbins et Mats Ek. La soirée est éclectique, peut-être un peu trop. Les deux ballets ont en commun de parler de choses communes (l’amour pour le premier, le quotidien pour le second), qui, pour fonctionner, doivent être portés par des solistes à fortes personnalités. Ce qui n’a pas toujours été le cas.
C’est ainsi ce dont souffre Dances at a Gathering de Jerome Robbins. Ce ballet est un exercice de style exigeant et long (une heure), sans décor, sans costumes exubérant. Il en faut de la personnalité non seulement pour tenir sur la longueur, mais aussi pour se démarquer des autres.
Car Jerome Robbins a eu beau dire dans une interview que, dans ce ballet, « Il n’y pas d’histoire, il n’y a pas de rôle« , ce n’est pas tout à fait vrai. Ces jeunes gens ne déambulent pas sans rien faire, mais badinent et jouent au jeu de l’amour. Un couple avance, puis un autre. Ils se défont, se refont, s’essayent à trois, quatre, six, et s’entremêlent le cœur léger.
Idem pour les personnages, qui se remarquent selon que les solistes arrivent à y mettre. Et certain-e-s ont brillamment relevé le défi, Mathieu Ganio en tête. Le danseur ouvre le bal en marron, avec une douce mazurka au style tout en finesse. L’étoile réitère un peu plus tard avec un petit bijou de vivacité. A chaque fois, c’est un plaisir d’admirer l’élégance et la technique du danseur, portés par une précieuse musicalité.
Agnès Letestu aussi se démarque dans sa robe verte. Les autres danseurs jouent dans ce ballet sur une certaine élégance, une certaine tenue. Elle, la classe incarnée par excellence, préfère plutôt s’amuser et donner à son personnage un côté mutin. Cela surprend au début, car cela tranche avec le reste du ballet, mais cela séduit au final.
Le charme et la présence de Karl Paquette (Violet) ou la fougue d’Alessio Carbone (en Brique) font mouche également, ainsi que le sourire et la joie de danser de Muriel Zusperreguy. On se prend à rêver de voir dans ce rôle vivace Dorothée Gilbert, ça ne sera visiblement pas possible cette saison. Les autres passages furent plus inodores, et rendirent parfois le temps long.
Appartement de Mats Eksonne comme un réveil pour le public un peu endormi. Place à une danse vive et énergique et du rock dans les oreilles !
Mats Ek s’inspire ici des objets du quotidien, un bidet, un aspirateur, un chapeau, pour en faire une danse abstraite mais non dénuée d’émotion. Et ici, ce ne sont pas les personnalités qui manquent, bien au contraire.
Marie-Agnès Gillot ouvre le bal d’une magistrale façon, la tête dans le bidet. José martinez suit avec le solo de la télévision. Cet homme abruti devant son poste m’a ému plus que je ne l’aurais imaginé. Solaire, Clairemarie Osta enchaîne avec la cuisinière, secondée par un charismatique Jérémie Bélingard (même s’il était chaudement vêtu). Puis vient une gigue des aspirateurs à l’élan féministe…
Et ainsi de suite, tous et toutes seraient à citer par leur présence et leur force. La scénographie à surprises est également séduisante, tout comme le groupe de musique Fleshquartet qui est en soi un spectacle à regarder. Appartement est parfois cynique, l’on n’en ressort pourtant très joyeux et comme revigoré par cette danse enthousiasmante.
Anne-Laure
C’est drôle, c’est également La télévision qui m’a le plus marquée, avec la marche des aspirateurs. Je ne suis pas une adepte de Mats Ek mais Robbins m’avait un peu endormie donc cette danse vive, violente voire cynique, m’a impressionnée. Et les danseurs étaient « à fond »!!
Cams
Oui Appartement est le vrai point fort de la soirée. C’est étrange de le programmer avec le Robbins car ça ne met pas du totu en valeur le premier…
Pour Robbins, c’est vrai que les interprètes jouent beaucoup. J’avais adoré le personnage jaune avec Muriel Zusperreguy à la répétition et hier il m’a ennuyé avec Nolwenn Daniel. Le danseur mauve ne m’avais pas marqué avec Karl Paquette mais hier avec Nicolas LeRiche… Pas besoin d’en dire d’avantage!
Et Appartement c’est le bonheur! Toutes les distributions sont bien car on sent les danseurs heureux dans cette chorégraphie.
ssx
Je ne me suis jamais autant ennuyée de ma vie à l’opéra que devant Dances at a Gathering: c’est d’un monotone! Heureusement pour les gens du parterre, pour Appartement le plateau est avancé, MAG débarque, nous en met plein les yeux, et les autres aussi.
Amélie
@ Anne-Laure : C’est vraiment génial de voir des danseurs donner autant sur scène 😀
@ Cams : Pour Dances at a Gathering, il manque la distribution parfaite.
@ Ssx : Pour moi, l’ennui de Dances at a Gathering tient plus aux interprètes qu’au ballet en lui-même. Mais c’est vrai qu’Appartement réveille !