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Tetrakaï – 25e promotion du Centre national des arts du cirque

C’est une des habitudes de la rentrée : en janvier, la promotion sortante du Centre national des arts du cirque, l’une des meilleures écoles circassiennes qui soit, investit La Villette pour son spectacle de fin d’étude. Les élèves sont mis en scène par un professionnel, Christophe Huysman de la compagnie Les Hommes penchés pour 2014, tout en donnant leurs propres idées. Challenge délicat : mettre en avant chaque élève se lançant dans le monde pro tout en proposant un spectacle construit.

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Tetrakaï, le spectacle 2014, remplit la première mission avec talent, beaucoup moins la deuxième. Le pitch laisse déjà dubitatif, évoquant « un spectacle de cirque, de danse mais aussi de théâtralité, de voix croisées, une construction agencée pour 13 interprètes, 13 corps et voix venus des quatre coins du monde et inscrite dans un cercle complet« , sur « une évocation métaphorique des liens qui se délitent et se reconstruisent« . Un  peu fumeux, un peu branchouille, et c’est ce qui transparaît sur scène.

Pourtant, la matière première, les acrobates, est on ne peut plus enthousiasmante. Pendent 1h30, treize jeunes artistes font l’étalage de leur virtuosité et de leur personnalité. Oui, ils sont impressionnants à se balancer à quatre mètres du sol, à se contorsionne avec une facilité déconcertante, à garder l’équilibre dans n’importe quelle circonstance, à s’amuser de leur corps et de ceux des autres comme un jeu de Kapla. Un duo d’acrobatie séduit particulièrement par son rapport au poids du partenaire. Une jeune fille s’amuse avec un trapèze tout en jouant des illusions. Un autre laisse bouche bée par son talent à défier la gravité avec une grâce incroyable.

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Surtout, ces jeunes artistes marquent par leur emprise théâtrale et leur sens aiguisé de la scène. Chacun joue un personnage dans ce spectacle, un chien, une voleuse de cadavres ou un couple d’amoureux. Chacun s’impose dans son caractère, se différencie des autres, se dévoile beaucoup. Il faut un certain talent pour émouvoir au premier coup d’oeil, pour capter l’attention avant même d’être parti-e dans les airs.

Dommage donc que le spectacle n’arrive pas à faire autre chose que de les mettre chacun en valeur le temps de leur numéro. Il manque un fil conducteur, un fond lisible pour faire de  Tetrakaï un véritable tout. Et quelques clichés en moins, indispensables dans un spectacle branchouille mais dont je me passerais bien. Pourquoi, dans un spectacle estampillé « on-n’est-pas-que-des-acrobates-on-réfléchit-aussi-sur-le-monde », faut-il qu’il y ait forcément, à un moment, un artiste qui se met à hurler dans la pénombre en roulant des yeux ? Pénible non seulement, mais aussi tellement prévisible et lassant.

Il y a pourtant une belle énergie qui plane dans ce spectacle, celle de la jeunesse tout feu tout flamme. Qui se pose parfois un peu trop les questions du Qui suis-je/Où vais-je, mais finalement si propres aux jeunes artistes et qui a un côté attendrissant. Le metteur en scène ne semble pas avoir bien su se servir ce de ce que les artistes avaient à proposer, son spectacle les écrase un peu. L’énergie collective est palpable, mais elle n’arrive pas à prendre le dessus.

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Tetrakaï de Christophe Huysman, par le 25e promotion du Centre national des arts du cirque, à La Villette. Avec Mehdi Azema (mât chinois), Justine Berthillot (portés acrobatiques), José Luis Córdova (corde lisse),  Edouard Doumbia (acrobatie), Tamryn Escalante (trapèze), Basile Forest (portique coréen), Santiago Howard (mât chinois), Andres Labarca (équilibre sur mains), Victoria Martinez (portique coréen), Simon Nyiringabo (trapèze Washington), Philippe Ribeiro (mât chinois), Frédéri Vernier (portés acrobatiques) et Issouf Zemani (acrobatie et fil). Jeudi 17 janvier 2014.

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