Les sorties Beaux livres danse
Bentôt la période des Fêtes ! DALP a repéré quelques beaux livres en prévision de vos cadeaux à glisser sous le sapin. Des ouvrages qui font la part belle à la photographie et qui en mettent plein les yeux. En bonus, nous avons aussi glissé un intéressant livre de la neurobiologiste Lucy Vincent qui explique en quoi danser fait du bien au cerveau et aide à devenir soi-même. À la rédaction, on le sait depuis longtemps !
La poésie du mouvement de Julien Benhamou
Paru le 10 octobre 2018 chez Incarnatio.
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Si la photographie est l’art de capturer le temps et de saisir un moment furtif pour l’installer dans l’éternité, alors l’art de Julien Benhamou en est la quintessence. Il est le photographe de la danse, du muscle et du mouvement. Qu’il photographie en plein air ou en studio, ça vole et ça virevolte; le style est aérien, la dynamique construite telle une mesure rythmée. L’image demeure figée mais l’objet est versatile, volatil, mobile, animé par la cadence: le spectacle est vivant. Julien capture la poésie des courbes et des lignes et nous offre une représentation de l’esthétisme. Le temps est suspendu, tout comme ses danseurs-modèles qui, sous des allures de Dieux Grecs, ne retomberont jamais plus du saut qu’ils viennent d’exécuter.
L’auteur – Né en 1979, Julien Benhamou vit et travaille à Paris. A l’âge de 12 ans, on lui a offert l’objet qui fera de lui un artiste aujourd’hui, un appareil photo entièrement manuel qui deviendra très vite pour lui un outil passionnant. Il réalise que photographier des gens lui permettait d’accéder à un rapport privilégié avec eux. Après ses études de photographe, sa vocation est née. Il devient l’assistant de plusieurs photographes de mode et d’art contemporain. Puis, en 2008, lors de la réalisation d’un projet personnel avec l’Opéra National de Paris exposé au Ministère de la Culture, il décide de devenir photographe indépendant. Ses rencontres et collaborations avec les grands de la danse, telles que Marie-Agnès Gillot, Marie-Claude Pietragalla, Benjamin Millepied, Aurélie Dupont et Ohad Naharin, lui donnent des ailes et le passionnent. Loin de l’image académique des ballets classiques, il offre de la danse une vision poétique et sophistiquée. Les poses sont libérées des conventions, les lumières artificielles dessinent les corps et les muscles, et les danseurs posent tels des mannequins en mouvement.
Notre avis – Qui ne connaît pas les photographies de Julien Benhamou, l’un des photographes officiels de l’Opéra National de Paris ? Ce portraitiste haut de gamme a une manière inimitable de saisir les artistes, en particulier les danseur.euse.s, dans la plénitude de leur art. Son studio ? Le plus souvent l’écrin magnifique du palais Garnier, des lieux les plus richement décorés aux sous-sols mystérieux. « Ce que j’aime dans la photographie c’est altérer la réalité. Le réel m’intéresse moins. » D’où cette impression de rêves, de moments suspendus dans l’espace et le temps. Devant son objectif, les artistes se livrent et se dévoilent, corps et âme. On retrouve au fil des pages Marie-Agnès Gillot (sublimes photos dans une robe rouge drapée à la manière de Martha Graham), Germain Louvet, Léonore Baulac et bien d’autres…. Sans oublier François Alu, l’un de ses modèles fétiches, bondissant, aérien et fantasque. Comme on l’aime !
Pina Bausch de Guy Delahaye
Paru le 23 mai 2018 chez Actes Sud.
Ce qu’en dit la 4e de couverture – […] Tout le Tanztheater de Pina Bausch est dans la porosité du visible et du et du refoulé, du chaste et du grotesque, images qui insistent dans l’entre-deux du rêve de la conscience, danse de nos images mentales. Les photographies de Guy Delahaye saisies dans le vif des représentations du Tanztheater Wuppertal, sont autant de précipités d’une fièvre à laquelle Pina Bausch et ses fabuleux interprètes ont donné le corps d’une aventure démesurée, épique et humaine. « C’est beau quand on voit vivre quelqu’un« , remarquait simplement Pina un jour qu’elle demandait à ses interprètes « une chose avec [leur] souffle ». Contre l’asphyxie du sensible, des images viennent ici respirer, elles quittent déjà les pages qui les contiennent pour poursuivre leur libre voyage dans la mémoire. Jean-Marc Adolphe
L’auteur – Le photographe Guy Delahaye a participé à plusieurs ouvrages parus chez Actes sud, notamment Angelin Preljocaj (2003), Jean-Claude Gallotta (2005), Sankaï Juku (1984, 2003).
Notre avis – Guy Delahaye est le photographe européen du théâtre et de la danse, référence incontestée dans l’univers du spectacle vivant. Il a notamment photographié tous les spectacles de Pina Bausch. Cette nouvelle édition (revue et augmentée de deux spectacles) des deux ouvrages sortis il y a quelques années (et aujourd’hui épuisés) met en lumière l’amitié et la complicité qui ont uni la chorégraphe et le photographe durant de longues années. Ces deux cent dix photographies en noir et blanc et en couleurs balayent la totalité du parcours artistique de la danseuse et chorégraphe allemande. Et c’est une plongée fantastique dans l’univers de la dame de Wuppertal qui défile sous nos yeux : de Café Müller au Le Sacre du printemps en passant par Kontakthof et toutes les merveilleuses autres pièces qu’elle a créées. Un ensemble de textes écrits par Jean-Marc Adolphe, rédacteur en chef de la revue Mouvement, et Michel Bataillon, auteur, dramaturge et homme de théâtre, permettent de mieux connaître la personnalité complexe. « On ne sait pas où l’imagination vous entraîne« , confiait-elle. Vers des territoires magnifiques, assurément.
La danse du cygne de Laurel Snyder et Julie Morstad
Paru le 11 octobre 2018 chez l’Étagère du bas.
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Le monde est immense. Anna est petite. La neige tombe autour d’elle et recouvre tout. Mais, un soir… Un soir, sa mère l’emmène voir un ballet et soudain tout change pour Anna – elle ressent un émerveillement qu’elle ne peut contenir. Ainsi commence le voyage d’une petite fille qui deviendra un jour la plus grande danseuse étoile de tous les temps et inspirera de nombreux danseurs : la courageuse, la généreuse, la merveilleuse et talentueuse Anna Pavlova.
Les auteures – Laurel Snyder est auteure de livres illustrés, de romans et de plusieurs recueils de poésie. Elle a grandi à Baltimore où elle a étudié la danse. Elle vit aujourd’hui à Atlanta où elle pratique la danse, le plus souvent dans sa cuisine… Julie Morstad est une artiste et illustratrice canadienne. Elle est connue pour son travail fantaisiste teinté de surréalisme. Elle a reçu de nombreux prix et vit à Vancouver.
Notre avis – Proposer une biographie de l’une des plus grandes danseuses de tous les temps à destination d’ un jeune public : le pari était courageux. C’était sans compter l’art de l’ellipse et le style poétique de Laurel Snyder ainsi que le magnifique travail d’illustration de la talentueuse Julie Morstad. Elles ont su si bien rendre la grâce du mouvement et la magie de l’art chorégraphique, par essence éphémères ! Comme dans tout destin hors normes, l’héroïne doit surmonter des obstacles et prouver qu’elle possède les ressources nécessaires pour accéder à son rêve. Et prouver qu’elle est bien unique entre toutes. Anna y parvient et ses débuts sur scène sont retranscrits avec une délicatesse qui n’a d’égale que la beauté qui devait se dégager de cette artiste. Même sa fin tragique est évoquée avec une douceur infinie. « Lorsque je pense à Anna Pavlova, je pense à son Cygne. Mais plus encore, je pense à toutes les petites filles et petits garçons qui aiment le ballet. Je pense à tous ceux (…) enfilant leurs chaussons de danse, s’exerçant à la barre ou enchaînant les pirouettes, (…), à tous ceux visant la beauté. Tous redevables à Anna d’avoir ouvert la voie. »
À partir de 5 ans.
Anne Teresa de Keersmaeker / Rosas 2007-2017
Paru le 8 octobre 2018 chez Actes Sud.
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Anne Teresa De Keersmaeker a fondé la compagnie de danse Rosas en 1983. Son travail chorégraphique explore inlassablement les liens entre danse et musique, et s’affronte aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques, de la musique ancienne à la musique contemporaine en passant par les expressions populaires. Sa pratique puise en outre dans les principes formels de la géométrie, de l’étude des phénomènes naturels et des structures sociales, ouvrant de singulières perspectives sur le déploiement du corps dans l’espace et le temps.
Le minimalisme de ses débuts, nourri de complexité musicale, a peu à peu cédé la place à de flamboyantes constructions pour grands ensembles dansés. En 2007, le travail de la chorégraphe prend cependant un tour nouveau : un « minimalisme second », qui ne revient sur son lieu de départ qu’à une place inattendue. Dépouillement et grand air, simplicité et valorisation énergétique des gestes élémentaires – la marche, le souffle, le parler – reconfigurent la dynamique du simple et du complexe et relancent son écriture.
Les photographes Anne Van Aerschot et Herman Sorgeloos ont été les témoins privilégiés de ce processus. À travers leurs images, réunies dans un seul et même ouvrage pour la première fois depuis dix ans, ils délivrent un regard d’une acuité exceptionnelle sur cette dernière décennie de l’aventure Rosas.
L’auteure – Anne Teresa de Keersmaeker est née en 1960 en Belgique. Elle a fondé la compagnie de danse Rosas en 1983. Son travail chorégraphique est axé sur une exploration minutieuse du lien entre la danse et la musique.
Notre avis – Premier ouvrage à proposer les photographies d’Anne Van Aerschot sur l’univers de la chorégraphe belge, cette compilation éclaire la démarche inédite initiée à partir de 2007. « La danse est mon langage premier, c’est ce que j’aime le plus faire, c’est ce que je crois que je fais le mieux », confie-t-elle. Toutes ces photos, en prolongement de la réception des œuvres chorégraphiques, permettent d’accéder à ce langage singulier. Un langage austère, sans effets de manche, mais qui touche profondément. Peut-être faut-il accompagner cette lecture de l’écoute de pièces de Bach pour tenter de s’approcher encore plus près de cette œuvre exigeante.
Et aussi…
Faites danser votre cerveau de Lucy Vincent
Paru le 19 septembre 2018 chez Odile Jacob
Ce qu’en dit la 4e de couverture – La danse est une activité qui permet de booster son corps, mais aussi son cerveau. Partant des progrès réalisés par la neurobiologie au cours de ces vingt dernières années, Lucy Vincent nous explique ici en quoi la coordination de mouvements complexes au rythme de la musique stimule nos connexions cérébrales, en même temps qu’elle préserve notre santé et renforce notre estime de soi. Vie stressante, épuisement psychique, troubles de l’humeur, difficultés relationnelles, kilos en trop… : il n’y a guère de problème qui reste insensible à la pratique régulière de la danse !
L’auteure – Neurobiologiste, Lucy Vincent est l’auteur de plusieurs ouvrages qui ont été de très grands succès, parmi lesquels Comment devient-on amoureux ? et L’Amour de A à XY.
Notre avis – Et si la danse nous rendait plus intelligent ? C’est l’idée défendue par la neurobiologiste Lucy Vincent, qui a elle-même expérimenté qu’une pratique régulière entraînait chez elle des changements fondamentaux. Elle apporte ici la démonstration que la reproduction de mouvements complexes, en rythme avec la musique, entraine la fabrication de nouveaux réseaux de neurones dans le cerveau et permet de le stimuler. La danse créerait de nouvelles connexions entre le cerveau cognitif, le cerveau exécutif et le cerveau émotionnel, tout en favorisant la créativité́, la mémoire ou encore le contrôle physiologique des fonctions corporelles (digestion, sommeil, contrôle du poids…). C’est pourquoi la scientifique exhorte chacun de nous à glisser nos pieds dans des chaussons de danse ou des souliers vernis ! « Je ne suis pas doué.e « , « J’ai deux pieds gauches« . Lucy Vincent ne veut rien entendre. Tout le monde peut s’y mettre et ce, à n’importe quel âge. « Parce qu’un corps qui danse exprime les émotions que nous éprouvons, chacun de nos mouvements est aussi une révélation de nous-même. Aux yeux des autres, mais aussi à nos propres yeux. »