En 1841, Giselle, le ballet romantique de Théophile Gautier, a révolutionné l’art chorégraphique. Passionné de danse, lui-même danseur, le jeune réalisateur Léopold Gautier a choisi de donner un nouveau souffle à ce chef-d’œuvre à travers un film-ballet. Son Giselle a pour toile de fond un Paris actuel, et exhale un romantisme contemporain où la drogue sert d’échappatoire à la souffrance. Une version en ciné-concert avec l’orchestre symphonique de Champ’Ardaines, qui a enregistré la bande originale, a été présentée au Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris fin septembre. Ce film va continuer son chemin en concourant dans des festivals. Une autre manière de rendre accessible la danse aux non-initié.e.s.

Giselle de Léopold Gautier

« Ce film est né du désir de rendre à la danse son pouvoir de narration grâce au cinéma, et au cinéma sa vocation première de capter le mouvement grâce à la danse. Le cinéma fait entrer le ballet dans une dimension nouvelle. Il soutient la narration en agrandissant l’espace cloisonné d’une scène de théâtre. Au plus proche des danseurs, la caméra danse aussi. » Léopold Gautier, 27 ans, mûrit le projet de Giselle depuis quelques années. Lui-même formé à la danse à l’école du CCN Ballet de Lorraine, le jeune homme a poursuivi des études supérieures de réalisation audiovisuelle à l’ESRA Paris. Cet intéressant film-ballet constitue son projet de fin d’études.

Dans le Paris d’aujourd’hui, Giselle est amoureuse d’Albrecht. Accompagnés de quelques amis dont Bathilde, ils se rendent à une fête mais la soirée tourne mal. Giselle découvre que son amant la trompe et plonge dans la drogue pour fuir cette cruelle réalité. Jusqu’à l’issue fatale. Plus tard, au cœur d’une forêt fantasmée, Albrecht retrouve le fantôme de la jeune fille. Les jeunes gens dansent un ultime pas de deux.

Giselle de Léopold Gautier

Tourné en décors naturels dans les rue de la capitale, Giselle est assurément l’œuvre d’un amoureux de la danse, respectueux des grands ballets classiques qui jalonnent cet art. Mais c’est aussi le regard d’un jeune homme nourri d’une culture cinématographique. On reconnaît çà et là quelques références à Jeanne et le garçon formidable ou à La La Land, mais aussi à l’univers de Jacques Demy et de Vincente Minelli. Mais ici, il n’est point question de comédie musicale. Le film est entièrement dansé et muet. Seule la musique de Pierre Otzenberger d’après Adolphe Adam nous ramène à l’œuvre originale. Les deux actes sont bien respectés, ainsi une atmosphère gaie et ancrée dans le réel pour la première partie du film, plus sombre et fantasmagorique pour la deuxième.

Léopold Gautier s’est entouré d’une équipe de jeunes danseur.euse.s qu’il connaît depuis longtemps. Chacun se glisse dans son costume taillé sur mesure avec aisance et beaucoup de naturel. La projection en ciné-concert permet de prendre la pleine mesure du mélange des différentes disciplines et de la force de la musique. Le propos apparaît aussi dans toute son universalité et son caractère intemporel.  Ancrée dans notre époque, ce Giselle touche en plein cœur par la sincérité de sa démarche, dépourvue de toute mièvrerie. « Un grand ballet classique n’est pas un bibelot que l’on range sur une étagère pour l’admirer sans y toucher. Il exige d’être pris en main, tourné et retourné sous toutes les coutures, comme héritage et comme actualité, par les danseurs et par le public. » En choisissant de citer la journaliste Rosita Boisseau en ouverture de la projection, Léopold Gautier trouve dans ses mots un parfait écho à son ambition.

Giselle de Léopold Gautier

Giselle de Léopold Gautier avec Pauline Sarrazin, Julien Mathieu, Pascale Seigneurie, Christopher Renfurm, Louise Ponelle. Ciné-concert avec l’orchestre symphonique de Champ’Ardaisne sous la direction de Loïc Olivier. CRR de Paris. Samedi 28 septembre 2019. Une autre projection en ciné-concert aura lieu à Rethel (08) en mars 2020. Plus d’infos sur la page facebook de l’association La glissade

Giselle, film-ballet de Léopold Gautier :