Les sorties livres danse de l’hiver 2020
De beaux livres sont parus ces derniers mois. Leur diversité prouve que la danse inspire à tous les niveaux. Alors, plongez dans les coulisses de la photo de spectacle grâce aux conseils d’un photographe dont les fidèles de l’Opéra de Paris connaissent bien le travail. Découvrez le magnifique hommage à Anna Pavlova dans un livre savamment documenté. Passez de l’autre côté de l’écran avec l’évocation des relations de la danse et du cinéma. Découvrez la première monographie richement illustrée consacrée à Akram Khan. Et terminez par un roman rythmé par la samba.
Les secrets de la photo de spectacle de Sébastien Mathé
Paru le 7 novembre 2019 chez Eyrolles
Ce qu’en dit la 4e de couverture – La photographie de spectacle vivant est un sujet aux problématiques complexes et variées. En plus des difficultés de prise de vue inhérentes aux lieux (taille des salles, accès et déplacements limités…), les photographes font face à de nombreuses contraintes techniques, artistiques et humaines, et doivent s’adapter à chaque type de représentation : silence et discrétion absolue pour le théâtre, l’opéra, la danse et les concerts classiques, apports de lumières violents et mouvements aléatoires pour les concerts de rock, le cirque et les comédies musicales, évolution du jour vers la nuit pour le plein air… Choix du matériel, installation, réglages en fonction des spectacles, optimisation et exploitation des images, travail de commande ou porté par une vision d’auteur : cet ouvrage très détaillé accompagnera tous les photographes, débutants ou plus expérimentés, qui souhaitent immortaliser des spectacles en images et sublimer des artistes sur scène.
L’auteur – Photographe officiel de l’Opéra national de Paris depuis 2005, Sébastien Mathé s’est spécialisé en prise de vue de spectacle ; la scène, les coulisses et les artistes sont ses sujets de prédilection. Ses images sont régulièrement reproduites dans la presse et dans l’édition. Codirigeant de Graine de Photographe (formations et voyages photo, Paris IVe), il est par ailleurs très sensible à la transmission des savoirs et des savoir-faire.
Notre avis – Même si vous n’avez pas en tête de vous lancer dans la prise de vue de spectacles, cet ouvrage se révèle passionnant pour tous les amateur.rices de danse. Car on y apprend que la photo de danse n’obéit pas aux mêmes règles que la photo de concert ou la photo de cirque. Les codes diffèrent selon les arts, mais aussi selon les disciplines. Ainsi on ne photographie pas la danse contemporaine comme la danse classique. Quand déclencher ? Comment ne pas rater le moment incontournable ? Comment trouver la bonne distance ? Autant de questionnements qui en disent beaucoup sur le spectacle vivant.
Anna Pavlova L’incomparable de Martine Planells
Paru le 28 novembre 2019 chez Gremese
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Rudolf Noureev disait que son danseur préféré était une danseuse : Anna Pavlova. Née à Saint-Pétersbourg en 1881, Anna Pavlova est une icône de la danse classique, une étoile envers laquelle chaque danseuse tourne son regard pour atteindre la perfection. Dotée d’un physique qui ne correspond pas aux normes de la fin du XIXème siècle – trop maigre, trop fragile -, Anna transforme cette faiblesse en point fort. Sur la scène du Mariinsky, à Saint-Pétersbourg, elle transcende la technique. Dans Giselle, Anna se sert de sa fragilité pour devenir un être éthéré ; dans la Bayadère, sa mince silhouette lui permet d’être une Nikiya troublante et envoûtante. Mais Anna est surtout Le Cygne – un solo que son ami Mikhaïl Fokine a créé pour elle. Elle le dansera des centaines de fois et même avec ses mains jusque sur son lit de mort. Anna quitte le Ballet Impérial pour s’installer à Londres : elle est convaincue que la danse classique doit être portée dans le monde entier afin que chaque personne en découvre la beauté. Dans ce livre, à côté du parcours professionnel d’Anna Pavlova, l’auteur retrace aussi sa vie personnelle. En partant du Portrait d’Anna Pavlova peint par Alexandre Iacovleff, on découvre la liaison passionnée qui a uni les deux artistes pendant neuf ans. Une vie fascinante, faite de voyages et d’amours partout dans le monde, qui se termine dans une chambre de l’Hôtel des Indes à La Haye. La riche iconographie présentée dans le livre et la minutieuse documentation tirée du Fonds Pavlova de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris, font de cette ouvrage une biographie unique en son genre.
L’autrice – Martine Planells est enseignante, journaliste et spécialiste de danse. Elle a travaillé au Quotidien de Paris, à L’Evénement du jeudi, et à la revue Danser. Productrice, elle a réalisé des émissions sur la danse à France Musique et à France Culture. Aujoud’hui, elle collabore à la revue internationale de danse Ballet 2000.
Notre avis – Quelle fantastique héroïne que la Pavlova ! On se glisse dans ce récit avec une gourmandise de chat. Et à la lecture de cette profusion de détails, on se rend compte qu’on ignorait tout de la prima ballerina. Personnalité complexe, femme au tempérament bien trempé, tout entière dévouée à son art, elle a connu la solitude que connaissent les personnages à part. Parmi les histoires qui ont compté, les neuf ans d’amour avec le peintre Alexandre Iacovleff, auteur du portrait en couverture de l’ouvrage. Une autre vision du cygne éternel. Très richement documenté, ce livre brosse le portrait d’une grande artiste qui inspira de nombreux autres danseur.euse.s et dont la seule évocation du patronyme est synonyme de beauté et grâce.
Le cinéma par la danse de Hervé Gauville
Paru le 2 janvier 2020 chez Capricci
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Entrer dans un film par la danse, cela suppose qu’à un moment au moins quelqu’un ou quelque chose danse. Mais au-delà de la comédie musicale, où la chorégraphie et la musique sont reines, il arrive qu’un film se mette soudain à danser. Et ça danse partout, n’importe où, dans l’eau avec Esther Williams, dans une cabane avec Charlie Chaplin, en boîte de nuit avec Rita Hayworth ou au, Far West avec Henry Fonda. Le peuple de Casque d’or valse dans les bastringues, les aristocrates du Guépard dans les raouts. Tout le monde se retrouve au Cabaret de Bob Fosse. Lola de Jacques Demy fait un duo avec Lola Montés de Max Ophuls. Des figures crèvent l’écran, Isadora Duncan ou Rudolph Valentino, Elvira Madigan ou Pina Bausch. Ainsi cet ouvrage s’empare-t-il des films et de la danse pour les réunir dans une lecture nouvelle, comme un pas libre au plus loin des genres attendus.
L’auteur – Après avoir été critique chorégraphique puis responsable de la rubrique des arts plastiques à Libération, Hervé Gauville a enseigné les relations entre peinture et cinéma à la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) de Genève.
Notre avis – Nous nous sommes tous.toutes délecté.e.s de ces vidéos qui compilent les scènes de danse les plus marquantes du cinéma. Nous avons tous.toutes flashé sur une scène de danse qui nous a fait vibrer quand on ne s’y attendait. À chacun.e ses scènes cultes issues de films non classés dans la catégorie « films de danse ». Qu’est-ce qui rapproche Le Guépard, La vie est belle, Lola, Mother, Le Grand Bain, La Poursuite infernale, Gilda, My Own Private Idaho, Naissance des pieuvres, La Ruée vers l’or, tous cités dans cet ouvrage ? Tout en appartenant à des genres très divers, du western à la comédie, en passant par la fresque historique, ils comptent leurs moments de danse. De ces moments qui restent longtemps (toujours ?) gravés sur la rétine. Qui a vu valser Claudia Cardinale et Burt Lancaster ne peut l’effacer de sa mémoire de cinéphile ? Ce livre nous raconte ces liens étroits entre danse et cinéma. C’est érudit et très plaisant à lire. Les images se mettent à danser dans notre tête. Et une furieuse envie de revoir tous ces films nous prend à peine l’ouvrage refermé.
Les ballerines vertes de Solveig Vialle
Paru le 8 janvier 2020 chez Léo Scheer
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Dans ce roman aux multiples résonances claudéliennes, Rose, mariée trop jeune, s’ennuie, et ressent le besoin de demander à Pierre, son mari, de faire une pause. Elle se donne trois mois pour retrouver cette part d’elle-même qu’elle pense avoir perdue, trois mois qui tiennent en trois pas, ceux de la samba, qu’elle a dansée, adolescente. Elle s’envole pour le Brésil, suivie par Stan, le secrétaire de son mari chargé de la surveiller au cours de ce voyage qui pourrait se révéler dangereux à plus d’un titre. Dès son arrivée à Rio, Rose embrasse le rythme de la ville, et les hommes qui surgissent de la nuit : un professeur sensuel, un devin puissant, un intellectuel mystérieux. Enivrée de danse et de liberté, elle oublie un temps les raisons qui l’ont conduite à s’éloigner de Pierre… mais la mémoire n’accorde-t-elle pas que des sursis ?
L’auteur – Solveig Vialle est danseuse et écrivaine. Les Ballerines vertes est son deuxième roman.
Notre avis – C’est un roman à l’écriture délicate à côté duquel je serais sans doute passé si le titre ne m’avait donné envie d’en savoir davantage. Les ballerines vertes, c’est l’histoire d’une jeune femme mariée trop jeune qui s’ennuie dans une vie monotone et entend bousculer cette routine. Un scénario peu attendu ? Peut-être. Mais quoi de mieux que la danse, les premières amours de l’héroïne, pour se retrouver et renaître à la vie ? Cette évocation donne une ossature sensuelle à cette escapade brésilienne. « Ce temps volé ne doit pas être une simple parenthèse, mais le terreau de ma métamorphose ». Plus introspectif dans la deuxième partie, ce roman évoque la danse comme un support à la reconquête de ses propres désirs.
La fureur du beau de l’Akram Khan Dance Company
Paru le 8 janvier 2020 chez Actes Sud
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Née à Londres de la collaboration du danseur et chorégraphe Akram khan et du producteur Farooq Chaudhry, Akram khan Company est l’une des compagnies de danse les plus dynamiques de la scène contemporaine internationale depuis deux décennies. D’abord formé à la danse kathak, Akram Khan a su créer un langage chorégraphique profondément innovant en fusionnant le vocabulaire de la danse classique indienne et celui de la danse contemporaine. Ses créations proposent toujours une rencontre avec d’autres cultures, d’autres mythes. Les histoires qu’il nous raconte puisent a des sources artistiques et humaines oui se fondent dans un creuset universel. Cette monographie, la première consacrée à ce chorégraphe majeur de sa génération, permet une plongée photographique au coeur des vingt-six pièces créées par Akram depuis la fondation de la compagnie. Le texte, dont Akram et Farooq sont les auteurs, nous fait partager leurs inspirations et leur vision du monde a travers le processus de création.
L’auteur – Britannique d’origine bangladeshi, Akram Khan étudie à l’école Parts d’Anne Teresa De Keersmaeker et fonde sa compagnie en 2000. Il atteint une reconnaissance internationale en 2003-2004, avec deux pièces, Kaash et Ma. Parmi les spectacles les plus emblématiques de la Akram Dance Company, Until the Lions, Kaash, iTMOi, Desh, Vertical Road, Gnosis et Zero Degree. Il est aussi l’auteur de solos comme Polaroid Feet, Ronin, Third Catalogue et Xenos son dernier comme danseur.
Notre avis – Quel objet que ce somptueux livre au titre évocateur (fureur au sens de déchainement) conçu comme un voyage à travers deux décennies de danse et de travail ininterrompu ! Les vingt-six pièces sont ici condensées en photos (de très nombreux photographes) et documents de travail sur les costumes ou la scénographie. Peu de place laissée au texte, mais la dizaine de pages signées Akram Khan et Farook Chaudhry, producteur et cofondateur historique de L’Akram Khan Company, compilent souvenirs, réflexions sur le processus de création, anecdotes qui ont émaillé la vie de la compagnie avec la poésie qui sied au chorégraphe.