[Programme TV] Bolchoï Babylone – Arte dimanche 22 janvier à 23h35
Janvier 2013, le monde de la danse st sous le choc : le directeur du Ballet du Bolchoï Sergueï Filine est sauvagement agressé à l’acide. C’est sur cette sombre histoire que démarre le documentaire Bolchoï Babylone, réalisé par Mark Franchetti et Nick Read, journaliste et réalisateur chevronnés mais pas forcément connaisseurs du monde de la danse. Pas de longs plans sur des paires de pointes ou de fascination pour les tutus, mais une plongée pendant un an dans les arcanes de cette compagnie pas comme les autres, côté direction et administration. Diffusé dans les pays anglo-saxons début 2016, le documentaire est à voir sur Arte le dimanche 22 janvier à 23h35.
La saison 2013-2014 a été secouée pour le Ballet du Bolchoï. Après la terrible attaque de Sergueï Filine, toute une série de scandales et démissions a ponctué la vie de la compagnie, à commencer par l’enquête sur le coupable de l’agression. C’est là-dessus que démarre Bolchoï Babylone. Querelle personnelle, jalousie, guerre de clan… La vie interne de la troupe ne semble pas des plus reluisantes. La caméra s’écarte petit à petit du procès en lui-même pour suivre la lutte entre deux hommes : le nouveau directeur du Théâtre Bolchoï Vladimir Ourine et le directeur du ballet Sergueï Filine. Ces deux hommes se détestent et se méprisent, et cherchent à peine à le cacher, notamment le premier qui humilie publiquement le deuxième lors d’une réunion avec tous.tes les danseur.se.s. À travers ce duel, le documentaire dessine petit à petit ce qui est finalement le point central du film : les contours flous d’un certain malaise dans la compagnie. Un malaise qui peut se retrouver dans d’autres troupes : appréhension des anciennes générations face aux nouvelles, danseurs et danseuses plus soucieux des blessures, qui n’acceptent plus forcément les décisions du dessus sans explications. Solidaires forcément de leur directeur au début, certains artistes, au fil des mois, confessent leur envie de changement.
Discussion de couloir, regards qui s’échangent dans une salle de réunion… Bolchoï Babylone se place volontairement derrière la scène. Ce qui rend plus que partial le regard de la caméra. Car s’il y a eu une chose étonnante pendant cette terrible saison, c’est l’absolue excellence de la troupe en scène, créant l’événement à chacune de ses tournées. Le documentaire n’est pas tendre envers Sergueï Filine, le montrant comme un directeur dépassé par les mentalités de ce nouveau siècle. Ce qui n’est pas forcément faux, mais oublie aussi toute la formidable génération qu’il a fait évoluer ou le répertoire qu’il a pu faire bouger.
La parole des danseurs et danseuses n’est pas franchement primordiale dans le film, et souvent réservée à l’ancienne génération. Mais au détour de quelques paroles sur les tensions de la compagnie, la passion est intacte. Celle d’artistes dévoué.e.s à leur art et à leur troupe qu’ils aiment profondément, quoi qu’il arrive. Les dernières minutes sont d’ailleurs réservées à Maria Alexandrova, de retour sur scène avec une grosse blessure. Regard intense dans Appartement de Mats Ek, puis grand sourire et poings levés de bonheur à sa sortie en scène. La danse palpitant se glisse ici et là dans Bolchoï Babylone, finalement plus forte que tout ce qu’il y a autour, même si la question de ce qu’est une compagnie de danse au XXI siècle a encore du mal à trouver sa réponse.
Documentaire Bolchoï Babylone de Mark Franchetti et Nick Read. À voir sur Arte le dimanche 22 janvier à 23h35.