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Le conseil lecture du jour : Polina, de Bastien Vivès

Il fait beau, il fait chaud, le temps idéal pour farnienter au soleil un bon livre à la main. Ça tombe bien, aujourd’hui, gros plan sur un joli coup de coeur littéraire : la bande dessinée Polina, de Bastien Vivès.

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En voyant la couverture, la réaction a dû être la même chez tou-te-s les danse addicts. Encore une BD sur la danse pour les enfants qui rêvent d’être Petit Rat. Grave erreur, Polina n’est pas du tout réservé aux petits, et réserve beaucoup de surprises. 

Avant d’être l’histoire d’une ballerine, Polina raconte d’abord la relation particulière entre un professeur et une élève. Polina est une petite fille qui rêve de devenir danseuse. Elle décide de passer une audition, pour entrer dans la célèbre académie Bojinski. Ce dernier est un professeur, qui fait plutôt peur à Polina. Mais petit à petit, quelque chose va s’installer entre eux. Lui voit son potentiel, elle sent qu’elle fait beaucoup de progrès avec lui. 

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Mais sa vie de petit rat est assez vite expédiée. Au bout de quelques pages, Polina est déjà une jeune femme, qui doit s’éloigner. Elle sent bien qu’il faut qu’elle aille voir ailleurs, même si ce n’est pas toujours facile. Et puis il y a la vraie vie. C’est une fille de son temps, du XXIe siècle, même si le style noir et blanc de la BD fait plutôt penser au début à une histoire qui se déroule dans les années 1970. Être une artiste, être une personne normale, ça s’entrechoque parfois : les amis, ce théâtre qui la fait rêver, les histoires d’amour qui finissent mal, l’envie de découvrir d’autres styles de danse, les moments de doute et les moments de joie, sur scène. Plus la bande dessinée avance, plus le regard de Polina se fait dur. 

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Sur son chemin, il n’y a finalement qu’une seule personne qui reste : le professeur Bojinski, qui la suit sans trop le dire, qui lui pardonne ses erreurs. Elle l’oublie parfois, mais finalement, elle sait qu’elle peut toujours toquer à la porte de cette école. 

Bastien Vivès est un auteur de BD qui n’a jamais parlé de la danse avant. On peut même dire qu’il n’y connaît rien. Un jour, il tombe sur le clip avec Polina Semionova, celui que tout le monde a vu un bon millier de fois. Coup de foudre. Il voulait depuis longtemps écrire une histoire sur la relation prof-élève, le monde de la danse sera son prétexte. 

Pour quand même ne pas être trop à côté de la plaque, l’auteur se renseigne. Il regarde plusieurs documentaires (celui sur l’école Vaganova semble avoir beaucoup inspiré les premières pages), discute avec des Petits Rats, assiste à un cours de danse, va voir un ballet. Et il a compris beaucoup de choses. Cette bande dessinée est vraiment réaliste, et c’est assez étonnant de la part d’un auteur qui ne connaît pas le milieu. Cela va de gestes techniques et de corrections parfaitement retranscrites, à des réflexions de danseur-s-es. 

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Les pieds des artistes semblent lui avoir posé plus de problèmes. Mis à part les gros plans sur les pointes, les pieds sont escamotés. Le dessinateur a préféré se concentrer sur le haut du corps, le travail du dos, et cette sensation d’apesanteur, surtout pendent les sauts. Il est intéressant aussi d’observer son travail, très différen selon qu’il dessine de la danse classique ou contemporaine. La première a droit à des gestes très ronds, précis. La deuxième est retranscrite avec des gestes plus saccadés, et moins de détails sur les visages. 

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Polina se veut être une bande dessinée réaliste. Ce n’est pas « Bienvenue au merveilleux pays des étoiles », ce n’est pas Black Swan non plus. C’est juste une jolie histoire de danse, sans prétention, mais avec beaucoup d’humanité, et qui touche plus qu’on ne pourrait l’imaginer. 

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Comments (3)

  • Intéressante critique, qui donne envie de feuilleter la BD, même si d’habitude je ne suis pas amatrice du genre. (Une rencontre avec l’auteur bientôt ? 😉 )

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  • J’avais aperçu la couverture dans une vitrine, avec le même a priori que toi, genre ça va être un Martine petit rat de l’opéra version BD d’auteur ; mais là, du coup, ça me donne envie. Alors que je lis très rarement des BD (mis du temps à m’y mettre – petite, je trouvais ça plus difficile que les romans pavés que je m’enfilais, rapport à la synchronisation image/texte), je viens de finir le deuxième tome Fraise et chocolat, c’est peut-être le moment de décréter la phase bande dessinée.

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  • @ Pink Lady : j’aurais bien aimé, mais incompatibilité d’emploi du temps. 🙂

    @ Mimy : Idem, j’ai un peu de mal avec la BD, un gros tome me fait beaucoup plus peur qu’on bon gros roman de 500 pages.  

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