Noëlla Pontois, une divine Étoile à Élephant Paname [Exposition]
Les expositions sur les grand-e-s danseurs et danseuses sont rares. Et c’est bien dommage, car quel plaisir de (re)découvrir leur carrière, de se plonger dans l’histoire de la danse et de revivre ces si beaux moments de scène. C’est ce que propose en ce moment le centre Élephant Paname avec son exposition Noëlla Pontois, divine Étoile, ballerine qui a tant marqué l’histoire du Ballet de l’Opéra de Paris et le monde de la danse pendant plus de 25 ans (devenue Étoile en 1960, elle a pris sa retraite en 1993).
Fanny Fiat, qui dirige avec son frère Élépant Paname, connaît bien Noëlla Pontois. La danseuse Étoile a été son professeure pendant des années et l’a préparée à tous ses concours de promotion. Entre elles deux est née une certaine complicité et une grande confiance, car il en a sûrement fallu à la ballerine pour prêter à son ancienne élève autant d’archives et de documents personnels. Costumes d’époque, photographies, articles de presse… C’est un véritable trésor qui est montré dans cette exposition, faisant revivre non seulement la carrière de Noëlla Pontois, mais aussi toute une époque de la danse, et avec elle de grands noms comme Rudolf Noureev ou Patrick Dupond.
Le premier objet qui vous accueille trône sous la verrière : la tenue de Giselle, un peu fanée, un peu usée, mais tellement jolie. Autour sont exposés d’autres costumes qui ont compté, comme celui d’Odette (y a-t-il une seule exposition de danse sans à un moment le tutu du Cygne Blanc ?), de Sylvia ou de Kitri. Et encore autour, quelques articles de presse et affiches venu-e-s d’une autre époque. Sachez-le, dans les années 1980, le rôle de Basilio pouvait se partager entre Patrick Dupond et Rudolf Noureev. Le public d’alors avait sûrement d’autres préoccupations que celui d’aujourd’hui. Et c’est bien Noëlla Pontois qui fait la couv d’un magazine télé, quelques jours avant la diffusion d’un ballet sur TF1, ce qui n’avait même pas l’air d’être surprenant. Car au-delà d’être une danseuse, Noëlla Pontois était aussi une personnalité médiatique. Elle recevait les photographes dans son salon et en famille, était interviewée par Elle et n’hésitait pas à prendre la pose en tenue glamour, comme en témoigne une série de (très beaux) portraits en noir et blanc signés Michel Lidvac.
Les marches d’Élépant Paname retracent les dates importantes de la ballerine, et l’on se penche sur l’aspect un peu plus personnel de sa vie. Son enfance, ses premiers pas et ses maîtres sont retracés à l’aide de photos d’époque. Tiens, mais c’est elle sur la scène du Palais Garnier dans les années 1950, les bons yeux et bonnes mémoires pourront même reconnaître ses congénères.
Puis bon en avant, Noëlla Pontois est maman. Sa fille Miteki Kudo sera aussi ballerine, dans la même maison. On la voit grandir à travers les photos personnelles et de nombreux articles de presse. Miteki à 5 ans dans la loge de sa maman, Miteki tout jeune Petit Rat, Miteki ado dansant dans Casse-Noisette avec sa mère, Miteki jeune danseuse sous son regard bienveillant de professeure. La danse fut aussi vécue comme une histoire de famille avec visiblement une certaine fierté. Tout personnellement, la visite de cette salle fut spécialement émouvante car faite, et ce fut le hasard, avec la troisième génération. Petit Rat à son tour, elle poussait des petits cris d’exclamation à chaque photo. À elle de s’y trouver un jour une place.
Place ensuite aux grands rôles de Noëlla Pontois. Giselle, la Sylphide, Juliette, Kitri, Raymonda, la Belle au Bois Dormant… Chaque vitrine retrace presque le ballet à l’aide de grandes et belles photos, nombreux extraits de presse et costumes. L’ensemble est magnifique, mais peut-être manque-t-il le regard de la danseuse sur ces ballets. Dans le catalogue de l’exposition, qui regroupe de très nombreuses photos, Noëlla Pontois revient d’ailleurs sur ses différents rôles, pourquoi sont-ils importants à ses yeux et comment s’est-elle plongée dans ces personnages. Dommage que son témoignage ne soit pas présent dans la salle, comprendre son regard avec le recul de l’âge aurait été intéressant.
La dernière salle est constituée en partie de la reconstitution de sa loge, avec de nombreux effets personnels. Mais le principal intérêt est surtout autour, consacré aux grands partenaires de Noëlla Pontois. En plus des nombreuses photos et articles de presse sont diffusés de véritables trésors dénichés à l’INA, une quantité de reportages, extraits de ballets et répétitions qui font revenir sur scène Rudolf Noureev, Patrick Dupond, Michaël Denard ou Cyril Atanassoff. Éteignez donc votre portable, asseyez-vous, et prenez le temps de savourer. Personnellement, je suis restée bouche bée devant le pas de deux de Don Quichotte entre Noëlla Pontois et Mikhaïl Baryshnikov dansé sous la coupole de Garnier (encore sans lino à l’époque), mais il y en a plein d’autres. Ce n’est plus une question de nostalgie ou de découvrir une époque qui n’existe plus. C’est juste de la Danse, de la Belle Danse, et quel plaisir des yeux et du coeur.
Il ne faut décidément pas chercher un regard objectif dans cette exposition. La majeure partie vient de la collection personnelle de Noëlla Pontois et on se doute qu’elle n’a pas forcément gardé les mauvaises critiques. A la fin du parcours, on ne sait pas bien finalement pourquoi cette danseuse était si exceptionnelle, pourquoi elle a tant marqué les esprits, l’Opéra de Paris, et comment. Son histoire n’est pas remise en perspective. Il s’agit avant tout d’un hommage, et totalement assumé comme tel, d’une élève à son professseure. On peut regretter ce certain manque de recul, mais c’est aussi ce regard rempli de tendresse et d’admiration qui rend cette exposition si attachante.
Noëlla Pontois, divine Étoile, jusqu’au 29 mars à Élephant Paname.
shaleen
Ha la chance que vous avez les Parisiens! Elle est une de mes ballerines favories! 🙂
Virginia L
ça rappelle de bons moments
Claire
Dans ces moments-là je regrette de ne pas habiter Paris…. L’exposition a l’air merveilleuse en tout cas.
Et ne pas oublier que la génération danse continue, puisque la fille de Miteki est cette année en 6ème division ! 😉
Je souhaite le meilleur à cette jeune fille, bien qu’une telle hérédité doit autant peser que porter…
Lola
En tous cas cet article donne envie d’aller voir l’exposition ! On sent que celle-ci a transporté l’auteure 😉
florine
Noella Pontois, c’était l’incarnation de la danse française, la classe, la délicatesse, sa princesse Aurore était d’une finesse inouïe!
J’ai hâte d’aller voir l’expo!
Merci de nous donner l’eau à la bouche, ainsi!
OeDansLo
Puis-je vous signaler une typo « divine » et non « divite » dans le titre ;)))
Si vous voulez rejoindre ma page fan FB sur Noëlla Pointois c’est ici :
https://www.facebook.com/NoellaPont…
Et bravo pour l’article !!!
OeDansLo
Je reviens sur l’article !
Très personnelle votre vision … tout de même ! On ne sait pas pourquoi elle était exceptionnelle ?!
Seigneur Dieu, parce qu’elle l’était …
La grâce, la musicalité, la simplicité, des équilibres absolument incroyables !!!!
Pour la connaître, elle a ce supplément d’âme qui manque aux plus grands …
Ayant une admiration sans bourne et un respect profond pour elle, mélés d’affection ….
Je n’aime pas la fin de votre article …FINALEMENT !
Amélie
@ Shaleen : Déjà rares à Paris, ce genre d’expo est presque inexistant en province, dommage. 🙁
francoise
Amélie , si vous ne savez pas pourquoi à la fin de l’ exposition Noella Pontois était si exceptionnelle , c’est en effet que vous ne l’ avez pas vue danser. Moi , si , et je vous assure que l’ avoir vue dans la cour carrée du Louvre reste l’ un des grands souvenirs de ma vie . Je n’ ai jamais vu en live Suzanne Farrel ou Darcey Bussel , mais j’ imagine que c’était peut-être la même impression de perfection absolue . Il y a elles …et les autres .
Ceci dit , le lieu de l’ exposition est lui-même magique . Elephant Paname n’est pas un joli nom pour ce magnifique hotel particulier superbement restauré qui vaudrait presqu’ à lui seul la visite , courez-y !