Un tour à Eléphant Paname
Eléphant Paname, nouveau lieu parisien des arts et de la danse, a ouvert ses portes le 13 septembre dernier. Mélangeant salles de danse, exposition, restaurant ou boutique, l’endroit à été créé par Fanny Fiat, ancienne danseuse à l’Opéra de Paris, et son frère Laurent, artiste plasticien.
Eléphant Paname, c’est à la fois un projet artistique et un lieu unique, qui à lui seul vaut le détour. Imaginez, une petite rue pas très loin de la Madeleine, un hôtel particulier construit sous Napoléon III, par l’ambassadeur de Russie en France.
Au fil du temps, l’endroit est devenu une banque, masquant ses parquets, moulures et peintures d’époque sous des faux plafonds. Après deux ans de travaux, l’endroit a de nouveau dévoilé tous ses secrets, avec une rénovation intelligente : le lieu n’a pas été redoré, mais juste nettoyé, laissé tel quel, laissant voir la patine du temps, et ne mettant que mieux en valeur tout sa richesse architecturale.
Le lieu se divise en trois parties : le bâtiment ancien qui donne sur la rue et où se trouve les exposition, un bâtiment moderne derrière où logent les studios de danse, et au milieu une grande verrière, qui accueille les visiteur-se-s dès leur arrivée.
L’escalier montre tout de suite l’état d’esprit du lieu : un hôtel ancien, riche, mais rénové sans en faire trop, « dans son jus » comme j’aime bien dire. Et au milieu, un ascenseur créé pour l’occasion, à l’allure contemporaine. Et le mélange des genres fonctionne plus que bien.
Au premier étage se situe le restaurant, qui n’a pas encore ouvert ses portes. Pour en savoir pus, il faudra repasser dans quelques semaines. Il faut encore monter un étage pour atteindre les salles d’exposition, le plus bel endroit du lieu.
Moulures, peintures, plafonds parquets d’époque… A vrai dire, l’endroit est tellement beau qu’à la première visite, l’on fait beaucoup plus attention aux murs et à ce qui nous entoure qu’à l’exposition elle-même. Cette dernière contient quelques belles pièces (Degas, César…), mais donne une impression un peu trop hétéroclite. Mais est-ce le lieu qui « écrase » le reste ? Il faudrait revenir à la prochaine exposition. On ne se lasse pas en tout cas de flâner dans ces trois salles, le nez en l’air, sentant le parquet craquer doucement sous ses pieds. Le mélange entre le lieu ancien et les œuvres contemporaines fonctionne là encore très bien.
De la fenêtre de la salle du fond, l’on peut voir le bâtiment moderne, et les quatre studios de danse. Le dôme entre les deux est la verrière évoquée ci-dessus, et qui fait la jonction entre ces deux espaces.
L’exposition continue au troisième étage, avec une grande salle lumineuse, tout aussi magnifique. Le travail de rénovation qui a été fait sur les murs, et surtout sur les plafonds, est remarquable et très bien mis en valeur. Si j’ai bien suivi le plan de la maison, celle salle peut aussi devenir un lieu de répétition.
Encore au-dessus se trouve un grand studio de répétition, sous verrière. La salle était fermée le jour de l’inauguration, mais voici néanmoins une photo. J’irai la découvrir de mes propres yeux samedi prochain.
Et voilà pour la visite, nous sommes arrivés au dernier étage. Au rez-de-chaussée nous attend une petite boutique. Vous y trouverez (outre une équipe sympathique prête à répondre à la moindre de vos question) (et je peux en avoir beaucoup) une petite sélection de beaux livres de danse et d’art, ainsi qu’une collection de vêtements et objets griffés « Eléphant Paname » : T-shirt femme, hommes et enfant de 10 à 20 euros, des sweats (et oui, nous sommes dans un lieu de danse, il faut toujours des chauffes à portée de main) et les obligatoires carnets de note et mugs plutôt sympas. Des cartes postales et autres petits objets du lieu devraient bientôt arriver, d’après ce que j’ai compris.
La réussite de lieu est indiscutable, mais néanmoins une question persiste : comment cela peut-il être viable économiquement ? L’exposition occupe une bonne partie du bâtiment, mais ce n’est certainement pas ça qui va rentabiliser l’endroit. L’espace semble en fait presque sous-utilisé par rapport à la beauté du lieu. On imagine très bien les salles servir de cocktails d’entreprise ou de lancement de produit, mais je ne suis pas sûre que cela soit le but initial du projet. Les espaces danse ne sont pas encore souvent occupés, et en supposant que cela soit le cas, est-ce que cela suffit financièrement ? A moins que ce ne soit le salon de thé restaurant qui assure cette rentabilité, si idéalement situé, il devrait attirer du monde dès son lancement.
Eléphant Paname donne en fait l’impression de se chercher encore. Et quoi de plus normal finalement pour un lieu qui n’est ouvert que depuis quelques jours ? Les projets sont tout azimuts : une autre exposition pour 2013, un concert, une répétition publique, quelques cours de danse… Le lieu n’est pas forcément encore exploité à sa juste valeur, mais cette première visite donne en tout cas l’envie de revenir, et de le voir vraiment « vivre » pour ce qu’il a a été conçu : un centre de rencontre artistique multi-disciplines et ouvert au public. Premier essai le samedi 22 septembre, pour une répétition publique de la compagnie Europe Danse.
Toutes les photos à retrouver sur la page Facebook de Danses avec la plume.
aymeric
(Je m’occupe bien sur ton blog en ce moment)
J’ai trouvé l’endroit tellement beau, j’aurais bien aimé avoir acces aux salles de danse néanmoins…. Le restaurant semble le parfait endroit pour un futur brunch! (une idée des tarifs?)
Marianne
Pour y avoir déjà pris quelques cours de danse je peux dire que j’ai été moi aussi impressionné par la beauté du lieu. Je n’ai qu’entraperçu la partie « exposition » mais j’ai pu en revanche bien utiliser la partie danse. J’ai aimé la luminosité des studios, la qualité des sols, l’insonorité, les détails techniques bien pensés, la qualité des pièces d’eau/ vestiaires et la beauté du lieu tout simplement.
Quelques bémols cependant : les studios sont un peu petits (les exercices de « grand saut » sont un peu périlleux – mais je dois reconnaître qu’il était sans doute impossible de faire plus grand), la circulation au intercours est un peu laborieuse et dommage qu’il n’y ait pas de paliers assez grands entre les salles pour que les danseuses puissent s’échauffer avant le début du cours. Le vestiaire sera sans doute également un peu petit pour tous les danseurs lorsque tous les studios seront loués Et puis il faut aussi qu’ils revoient la disposition du piano dans les salles…
Malgré ces critiques (qui restent inhérentes à de nombreux studios de danse !), j’ai beaucoup apprécié y danser et j’espère que les plannings de cours vont vite se remplir.
Amélie
@ Aymeric : C’est censé être « abordable », mais je crois que ça le sera dans le sens parisien du terme… Mais en effet, très bon lieu de brunch, j’approuve et je guette l’ouverture.
@ Marianne : Merci pour tous ces détails ! En lisant que les studios faisaient 65 m2, j’avais aussi trouvé ça un peu petit, mais cela doit rester un beau lieu pour danser.