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Marie-Claude Pietragalla, Élisabeth Platel, Isabelle Guérin… dix personnalités de la danse racontent Patrick Dupond

Patrick Dupond est décédé le 5 mars dernier, provoquant une immense vague d’émotion dans le monde de la danse. Côté public, mais bien sûr aussi côté danseurs et danseuses. Pour DALP, quelques grandes personnalités de la danse – Marie-Claude Pietragalla, Élisabeth Platel, Isabelle Guérin, Nicolas Le Riche… – nous livrent leurs souvenirs de Patrick Dupond. Moments partagés en scène, anecdotes de coulisse, ce qu’il était en tant qu’artiste et être humains… Les Étoiles d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi chorégraphe, pianiste et journaliste qui l’ont côtoyé, se souviennent.

Témoignages recueillis par Amélie Bertrand et Claudine Colozzi.

 

Marie-Claude Pietragalla, Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris, chorégraphe, directrice du Théâtre du Corps Pietragalla – Derouault : « Il n’y a qu’un Patrick Dupond par siècle !« 

Patrick Dupond, c’était un être éclairé, il était né pour être un danseur. Il est rentré très jeune à l’École de Danse, très jeune dans le corps de ballet, il a été Premier Prix de Varna à 17 ans, directeur du Ballet de Lorraine à 28 ans, directeur du Ballet de l’Opéra de Paris à 31 ans : il a eu une trajectoire fulgurante, il a rêvé et son rêve est devenu réalité par son talent, sa passion et son travail. Patrick était un artiste incroyable, un géant de la danse du XXe siècle. Il n’y a qu’un Patrick Dupond par siècle ! On ne peut pas s’imaginer ce qu’il était en scène, la façon dont il soulevait la salle, il a électrisé toutes les scènes d’Europe et du monde. Il était un phénomène extraordinaire à voir vivre en scène, où il était chez lui, il était un être de lumière qui nous transportait dans son univers. Il faut se rendre compte, et la jeune génération doit le savoir, de qui était Patrick Dupond et ne pas l’oublier : il était l’ambassadeur de la danse française et de la danse classique dans le monde entier, il était adulé, admiré, respecté par tous les danseurs. Il était une star inconditionnelle, toujours dans la bienveillance et la générosité.

Patrick Dupond m’a nommée Danseuse Étoile trois mois après son arrivée à la Direction de la Danse. Puis il m’annonce qu’il veut danser Le lac des cygnes de Bourmeister avec moi pour la première et ma prise de rôle. J’avais une grosse pression (sourire), mais le connaissant, je savais que le travail avec lui allait être dans la bienveillance et dans l’échange. Il m’a tout donné dans la transparence, la générosité, l’accompagnement, il était un partenaire extraordinaire.

Patrick a aussi été un très grand Directeur de la Danse. Il succédait à Rudolf Noureev qui avait mis la barre très haute. Il est arrivé avec un éclairage extraordinaire parce qu’il connaissait la maison. Patrick était un enfant de l’Opéra de Paris, il en connaissait tous les rouages, les recoins, les couloirs, la scène. Il a continué le travail de Rudolf, il ne voulait pas casser tout ce qu’il avait apporté, il était très conscient et respectueux de cette filiation, mais avec sa propre vision moderne. Il a essayé d’amener le meilleur de lui-même, il a fait venir de grands chorégraphes comme Pina Bausch. Patrick a tout fait pour promouvoir la jeune génération, leur proposer un répertoire qui pouvait les aider et les développer. Mais il était aussi très respectueux des anciens. Il avait ainsi eu cette idée magnifique et lumineuse en arrivant : un Défilé du ballet se terminant avec toutes les anciennes Etoiles, jusqu’à Monsieur Peretti… Il a été un très grand directeur et j’aurais aimé qu’il ait eu plus de temps pour développer son travail et sa vision artistique. De par son statut d’Étoile et de Directeur, l’Opéra de Paris lui doit beaucoup de choses.

Je lui suis très reconnaissante de tout ce qu’il a fait. Patrick Dupond a ensuite fait son propre cheminement intime et il est parti en paix. Mais c’est bien aussi d’être reconnu de son vivant et d’être aimé de son vivant. Les gens qu’on aime, il faut le leur dire tant qu’ils sont vivants. Et on n’a pas assez dit à Patrick combien on l’aimait et combien il avait compté dans le milieu de la danse. Je retiens de lui cet artiste fabuleux qui a révolutionné la danse, et cet être lumineux, généreux, bienveillant et plein d’humanité qu’il était.

Le lac des cygnes de Bourmeister – Patrick Dupond et Marie-Claude Pietragalla

Nicolas Le Riche, Danseur Étoile de l’Opéra de Paris, directeur du Ballet Royal de Suède : « Une personnalité unique dans le monde de la danse« 

Patrick Dupond, c’était une star de la danse capable de s’arrêter dans les couloirs de l’Opéra pour parler à un Petit rat (et c’est du vécu !). Et un sens inné de la scène, capable d’enflammer le public d’une pirouette ! Il était généreux et inspirant pour tous les jeunes danseurs, une personnalité unique dans le monde de la danse qui a changé la perception du danseur classique. Je garde comme souvenir en studio avec lui la création de Camera Obscura de Roland Petit, avec lui et Marie-Claude Pietragalla. Il était sensible, fragile et explosif. Il me manque déjà…

 

Isabelle Guérin, Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris : « Avec Patrick Dupond, ce qui était important était de vivre le moment présent et de donner au public ce qu’il était venu chercher : un moment de rêve et de bonheur« 

Patrick était avant tout un homme de spectacle. Il était vrai, il aimait la scène, les lumières, le public. C’était une star au grand cœur. Un spectacle avec Patrick, c’était peu de répétitions, des parties de rigolade, des moments de frustration, mais aussi l’assurance d’un spectacle à plus de 100% dès le rideau levé. Il ne fallait pas essayer de le changer mais le prendre comme il était, avec ses qualités et ses défauts. Il était un tout et peut-être que ses défauts faisaient partie de ses qualités… Il était généreux, humble, il aimait la vie, il aimait rire.

Ma première expérience avec Patrick Dupond fut lors d’un gala à Biarritz. Il avait raté l’avion, était arrivé quelques heures avant le spectacle et était parti se reposer à l’hôtel avant de venir se préparer. Moins d’une heure avant la représentation, nous avons parlé de la version, essayé quelques pirouettes. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’il me soufflerait la version au fur et à mesure. Et c’est ce qu’il a fait, rassurant et généreux. Nous avons dansé le pas deux de Don Quichotte avec l’aplomb d’un couple qui avait travaillé pendant des semaines ! Nous avons fait le spectacle, parce qu’avec Patrick, ce qui était important était de vivre le moment présent et de donner au public ce qu’il était venu chercher : un moment de rêve et de bonheur. Après cela, nous avons dansé au Japon, au Bolchoï, Cendrillon à l’Opéra de Paris, parcouru la France avec son groupe de jeunes solistes. J’ai dansé ma première Giselle avec lui. Et puis il y a eu ce fameux Grand pas de Twyla Tharp créé pour nous deux. La première a eu lieu à New York, nous l’avons ensuite dansé sur de nombreuses scènes dans le monde entier.

Tous ceux et celles qui ont rencontré Patrick Dupond auront leur histoire à raconter. Mais le plus important est de se souvenir de l’artiste, de ce qu’il a été, de ce qu’il a apporté au public, de ce qu’il a apporté à toute une génération de danseurs. C’était Patrick Dupond, « avec un D comme danseur » comme il aimait le dire.

Grand pas de Twyla Tharp – Patrick Dupond et Isabelle Guérin

Élisabeth Maurin, Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris, professeure du Ballet de l’Opéra de Paris, répétitrice : « Il voulait rendre son art accessible à tous« 

Patrick Dupond était quelqu’un de spontané, d’une grande générosité, passionné de la vie. J’ai participé à son groupe « Patrick Dupond et ses stars » et je me souviens d’une tournée au Japon où je dansais Flammes de Paris avec Manuel Legris. Il avait été attentif à tous les détails. C’était une immense star au sein de la compagnie alors que j’appartenais à la génération montante. Il avait connu une ascension fulgurante et était avide d’investir d’autres styles artistiques ou d’autres territoires comme le cinéma, la publicité. Il voulait aussi rendre notre art accessible à tous, ce qui constituait un changement profond. Ces dernières années, il avait besoin de continuer d’exister grâce à la télévision en participant à des programmes comme Prodiges. Il était très à l’aise dans ce rôle de juré bienveillant. Il portait en lui ce goût de la transmission.

 

Élisabeth Platel, Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris, Directrice de l’École de Danse de l’Opéra de Paris : « L‘irrévérence n’est acceptable que s’il y a le talent« 

En parlant de Patrick Dupond, j’aime parler d’insolence par son talent. C’était un talent indéniable, quelqu’un qui vivait en scène et se jouait des difficultés. Il était capable de tout arranger avec beaucoup d’humour, c’était quelqu’un d’espiègle. Il représentait l’école française par sa virtuosité, tout en dansant avec Noëlla Pontois qui était vraiment dans la pureté du mouvement. Patrick est parti à Varna alors qu’il était Quadrille, à 17 ans, et est revenu avec le grand Prix. Il est devenu une star, ce qui n’a rien changé pour lui à l’Opéra : il était Quadrille, il a passé le concours pour être Coryphée. Mais il a amené le public à la danse, il a ouvert la porte de la danse à plein de garçons.

J’ai peu dansé avec Patrick, mais je retiens tous les ballets de John Neumeier que nous avons faits ensemble : Vaslaw à sa création en 1980, Le Songe d’une nuit d’été où il était mon directeur et où il m’a énormément aidé dans un grand moment de doute, et Casse-Noisette. J’ai aussi un grand souvenir de lui en Mercutio dans la version de Roméo et Juliette de Iouri Grigorovitch alors qu’il était Sujet, entre la folie et l’espièglerie. En tant que directeur, il était très proche de nous, avec nous dans les studios. Et il a fait quelque chose de très important quand il est arrivé : un Défilé avec toutes les anciennes Étoiles, qui sont venues saluer en tenue de soirée. Christiane Vaussard, Liane Daydé, Dominique Khalfouni, Noëlla Pontois, Nina Vyroubova, Jean Guizerix… pour terminer par Lycette Darsonval et Serge Peretti. Cela montrait que Patrick était très respectueux de là où il venait. Et pour nous, ça a été une fête incroyable.

À mes élèves, en évoquant Patrick Dupond, j’ai parlé de l’irrévérence qui n’est acceptable que s’il y a le talent. Il a contré beaucoup de choses, mais parce qu’il avait énormément de talent, qu’il était gentil et généreux, on lui pardonnait beaucoup. L’Opéra de Paris a besoin de gens disciplinés, comme le couple symbole de la pureté de l’école française que nous pouvions représenter Manuel Legris et moi… tout en ayant à côté Patrick Dupond le frondeur, mais qui pouvait aussi être fabuleux dans Serge Lifar. Sa directrice Claude Bessy, à l’École de Danse, lui a pardonné beaucoup de choses, je crois qu’elle a trouvé en lui quelqu’un qui était comme elle, qui allait au-delà des limites. J’ai eu aussi des élèves comme cela. L’un est rentré dans le ballet cette année, un autre est Premier danseur… François Alu. Il a cette même fougue. Quand il était en sixième division, il m’a demandé, s’il pouvait faire trois tours à la place de deux dans une variation. « Tu en fais trois, mais tu les fais bien !« . L’Opéra de Paris a besoin de ce genre de personnalité et c’est là sa richesse.

Casse-Noisette de John Neumeier – Élisabeth Platel et Patrick Dupond

Clairemarie Osta, Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris, directrice du département danse classique de l’École de Ballet Royal de Suède : « Des moments de génie« 

Patrick Dupond, c’est le seul danseur que j’ai jamais vu sur scène capable d’une si grande spontanéité et de répartie. Sa métamorphose au contact de la scène était stupéfiante. J’ai littéralement assisté à des moments de génie venus d’un autre monde. Nous avons besoin de gens comme lui pour éclairer le chemin. Il nous reste sa lumière.

 

Thierry Malandain, chorégraphe, directeur du Malandain Ballet Biarritz : « Une étoile de clarté première« 

Du même âge, mais d’une autre nature, j’ai connu Patrick Dupond sur les bancs du Lycée Racine avant son entrée dans le corps de ballet de l’Opéra et sa prodigieuse victoire au Concours de Varna. Plus tard, alors que je dansais au Ballet Théâtre Français de Nancy, un soir au Théâtre du Châtelet, il remplaça Rudolf Noureev dans Le Spectre de la rose et L’Après-midi d’un faune. Je m’étais glissé dans la salle, devant moi une fillette demanda : « Maman, il fait quoi le Monsieur ? » et la mère de répondre : « Chut ! tu vois bien, le Monsieur il a des taches, des cornes et une queue, il danse le rôle d’une vache !« . Le public est parfois un singulier animal.

En 1988, lorsque Patrick succéda à la direction artistique d’Hélène Traïline et de Jean-Albert Cartier, j’avais quitté Nancy depuis deux ans pour créer notre Compagnie. Un jour, le croisant au Théâtre de la Ville, il me dit : « Je veux que tu me fasses un ballet !« . C’était l’artiste éblouissant que l’on connaît, un monstre sacré. Débutant dans la chorégraphie, je lui répondis : « Patrick, tu as dansé les ballets des plus grands, je ne peux rien pour toi« . Cependant, il insista et, cédant à l’appréhension, je lui fis la proposition de remanier L’Homme aux semelles de vent, ballet que j’avais créé deux ans plus tôt sur les Illuminations de Benjamin Britten. Son génie flamboyant, sa carrière fulgurante me semblait faire corps avec l’auteur d’une Saison en Enfer. Patrick se donna entièrement, cependant comme je le redoutais, apprivoiser son exubérance vitale et l’espièglerie de son caractère ne fut pas de tout repos.

Après l’avoir perdu de vue, il y a plus d’un an, Patrick m’appela pour me confier son désir d’ouvrir à Biarritz une école de danse. Mais la ville connaissant une densité urbaine et de studios particulièrement forte, faute d’un lieu adéquat, son projet ne put se réaliser. Disparu avant l’heure, à l’instar d’Arthur Rimbaud, Patrick était un artiste à l’état sauvage, un génial intuitif. Amour, joies et gloire, il roula aussi aux blessures. Et, dans sa quête incessante de la lumière, il arriva qu’on lui fit du mal. « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse« , écrit le poète des Illuminations. De Patrick Dupond, le danseur magnétique, je garderai le souvenir d’une étoile de clarté première.

 

François Alu, Premier danseur de l’Opéra de Paris : « Il avait cette liberté en scène extraordinaire« 

Je n’ai pas eu la chance de voir danser « en vrai » Patrick Dupond, mais je lui dois énormément. Ma grand-mère avait la VHS du documentaire Patrick Dupond, le talent insolent, où on le voit notamment danser Don Quichotte d’une façon brillantissime. En le voyant, mon corps a bouillonné ! Je pense avoir vu ce documentaire une cinquantaine de fois, je pouvais connaître les dialogues par cœur. J’y suis revenu à plusieurs périodes de ma vie. Il y a encore quelques semaines, je le regardais dans Coppélia de Roland Petit. Il n’avait pas peur, il fonçait. Et s’il fallait tomber, il tombait… même s’il ne tombait jamais !

Je l’ai un peu côtoyé, nous avons échangé quelques fois. Il m’a écrit en me disant qu’il aimerait beaucoup me transmettre tout ce qu’il avait appris et ce que Max Bozzoni lui avait appris… Il m’a proposé son aide et j’ai trouvé ça très généreux. Il m’a proposé de passer le voir pour un projet ensemble, mais le temps nous a manqué. Il a été un exemple hors-norme pour moi. Il avait cette liberté en scène extraordinaire, je pense qu’il était d’une générosité sans bornes. Il a été ovationné, il a aussi été détesté, il a vécu la vie par de grandes montagnes russes mais il s’est toujours relevé. Il était fragile, sensible et il n’avait pas peur de le montrer. C’est ce qui a fait de lui l’artiste qu’il était. Certains ont pu percevoir ses failles et les exploiter, il a vécu des choses très dures, il a été beaucoup critiqué, mais il s’est toujours relevé. Il a mené sa vie à sa façon et j’imagine qu’il n’a rien regretté.

Quand on me compare à lui, c’est un magnifique cadeau. Parce que Patrick Dupond a transcendé la danse. À l’Opéra de Paris, nous sommes dans le détail, l’excellence et le perfectionnisme, qui sont de très belles valeurs. Lui était plus dans l’idée du spectacle, du show, de faire vibrer les gens. Il offrait tout son amour au public. Aujourd’hui, la danse classique tend vers un perfectionnisme de plus en plus grand : les pieds de plus en plus tendus, les cinquièmes de plus en plus croisées, les jambes de plus en plus affûtées. Lui, il allait au-delà de ça, il était d’abord dans le spectacle. Et on l’oublie parfois, mais la danse, ce n’est pas qu’une succession de positions très bien faites, c’est du spectacle, de l’énergie. Et Patrick Dupond incarnait pleinement ça. Ce sont des valeurs que je prône fondamentalement, sans oublier la qualité du mouvement. J’essaye en tout cas de ne pas perdre cette passion que j’avais enfant qu’il m’a transmise par la vidéo et par les rares échanges que nous avons eus.

Patrick Dupond – Don Quichotte

Elizabeth Cooper, pianiste, cheffe de chant : « Il demeurera à jamais éternel pour nous« 

Passionnée depuis mon plus jeune âge par la danse classique, je fus engagée comme pianiste à l’Opéra National de Paris. Le petit Rat nommé Patrick Dupond s’avança vers moi et m’annonça : « Lorsque je serai célèbre, nous ferons le tour du monde ensemble« . Après avoir été invités au Grand Échiquier de Jacques Chancel, nous avons créé le groupe « Dupond et ses Stars », composé des plus grands danseurs et danseuses françaises : Sylvie Guillem, Monique Loudières, Fanny Gaïda, Manuel Legris et Jean-Marie Didière. Patrick dirigeait le groupe et j’étais au piano… Tournées triomphales dans le monde entier… Ils sont des êtres qui restent à jamais gravés dans votre âme et dans votre mémoire. Patrick est reparti trop vite vers les étoiles mais demeurera à jamais éternel pour nous.

 

Ariane Dollfus, journaliste Danse : « Drôle, généreux, partageur« 

Patrick Dupond se moquait lui-même de son patronyme si banal. Rétrospectivement, on se dit que Patrick porta bien son nom. « Patriiiick » comme celui de la rock star dancer qu’il fût, notamment au Japon où les balletomanes se ruaient sur lui avec admiration sans que jamais il ne les renia. Et le « Du-pond » qui sonne comme le plié du corps, nécessaire pour prendre son élan puis s’élever en tour en l’air ou petite batterie… « Duu-pond ! Avec un D comme danseur« , aimait-il à préciser. Patrick a été pour toute notre génération de journalistes de danse un magnifique interlocuteur, drôle, généreux, partageur. Et de ce partage charismatique de la scène, que tout le monde connaît, j’aime à me souvenir d’un moment très particulier : ce 23 octobre 1990, où Jean Guizerix organisa sa soirée d’adieux d’Étoile, sur la scène de Garnier. Il proposa à Rudolf Noureev, le directeur sortant (et sorti) du Ballet de l’Opéra de Paris et Patrick Dupond (son jeune successeur) de danser Le Chant du compagnon errant de Maurice Béjart…. ensemble ! L’hyper star déchue, et sa jeune star rivale, que Rudolf Noureev aima si peu tant elle lui ressemblait trop… Il fallait oser ! Les deux relevèrent le défi. La magie de la scène fît le reste. Rudolf Noureev dansa dans la mesure de son talent abîmé par la maladie, Patrick Dupond usa respectueusement de son vif talent, sans jamais chercher à prendre la main. Le symbole de cette transmission, si chère à la danse, était fort, si fort… Aux saluts, les deux se serrèrent… la main de bon cœur, dans un grand éclat de rire. Avec le goût du travail bien fait, et le respect mutuel des « grands »qui savent se reconnaître.

 




 

Commentaires (1)

  • Anny Fromager

    Une etoile au firmament va désormais etre éteinte sur scene mais brillante dans le ciel, cette etoile ce nomme PATRICK DUPONT

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