[Prix de Lausanne 2023] Rencontre avec la candidate française Romane Cornu
Après Pier Abadie et Shani Obadia, terminons nos rencontres des candidat-e-s français-es au Prix de Lausanne 2023 avec Romane Cornu (105), jeune participante de 15 ans élève de l’Académie Carole Massoutié. Elle nous parle de ses variations, de son quotidien à Toulouse loin de chez elle ou de ses ambitions d’écoles de danse internationales avec le Prix de Lausanne.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Romane, j’ai 15 ans et j’étudie à l’Académie Carole Massoutié à Toulouse.
Comment avez-vous démarré la danse ?
Je viens de Saint-Offenge, un petit village entre Annecy et Chambéry. Je faisais de l’éveil et un peu de jazz. Ma mère travaillait près d’Annecy, elle passait tous les matins devant une école de danse, la Ballerine Dance Academy. J’y suis rentrée vers 7-8 ans et c’est là que j’ai démarré la danse classique. Cette école proposait de la danse et du théâtre, les spectacles mêlaient les deux et cela permettait de se former à la scène. C’était chouette ! Et c’est ce qui me plaît dans la danse : la scène, interpréter un personnage.
À 12 ans, ma professeure regardait pour m’envoyer ailleurs et elle a entendu parler de l’Académie Carole Massoutié à Toulouse. Je me suis présentée et j’ai été prise. Je n’ai jamais tenté l’École de Nanterre, je n’ai pas trop le physique qui correspond à l’Opéra de Paris.
Vous êtes donc partie loin de chez vous à 13 ans. Comment se passe votre quotidien ?
Toulouse, c’est à 7h de chez moi. Je ne rentre donc pas à la maison qu’une fois par mois, voire moins. Mais ça va, je suis avec des copines qui viennent de la même région. Le départ n’a pas été trop difficile, j’étais tellement heureuse de danser et d’aller dans cette école ! On danse 4 à 5 heures par jour le matin, puis on étudie au CNED. Nous avons une formation essentiellement basée sur la danse classique, avec un peu de danse contemporaine dans la semaine. On a aussi beaucoup de préparation physique et de cours théoriques comme l’anatomie. Cela permet de mieux nous connaître et comprendre notre corps, de savoir comment il fonctionne. Cela aide pour la danse, j’arrive mieux à trouver les sensations quand on me fait la correction. C’est ma troisième année à Toulouse, j’y ai beaucoup appris la propreté dans la danse.
Vous avez l’habitude de la scène ?
Oui, nous faisons régulièrement des spectacles et des concours avec mon école de danse. L’année dernière, j’ai fini dans le Top 12 du YAGP chez les juniors à Barcelone, et cette année dans le Top 12 des seniors à Paris. Mais je ne suis pas partie faire la finale à New York, c’est trop compliqué en termes d’organisation.
Qu’est-ce qui vous a amené au Prix de Lausanne ?
C’est un concours que je suis depuis longtemps et que j’admirais. Avec ma mère et mon petit frère, on suit tout, la finale et les live-streams ! Ma professeure m’a proposé de le tenter. Une autre élève de notre école, Juliette Rapenne, avait déjà participé il y a deux ans lors de l’édition en ligne. J’ai envoyé la vidéo, en me disant que j’étais jeune et que je pourrais toujours retenter l’année suivante. Mais j’ai été sélectionnée.
Vous êtes au Prix de Lausanne depuis trois jours, comment le vivez-vous ?
J’aime beaucoup cette expérience. Les autres candidats et candidates sont très gentils, on n’est pas dans une ambiance trop compétitive. Je trouve que les autres filles de mon groupe sont très douées, mais on apprend de chacune. J’adore les cours de danse, on apprend plein de choses, un maximum de choses sur nous-mêmes. Le premier jour, j’avais hâte plutôt que d’être stressée, même si le premier passage en scène pour filer la variation classique n’était pas évident. Mais cela s’est passé tellement vite que je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir. Danser devant le jury est plus stressant, mais cela nous oblige à donner le maximum et à se pousser vers l’avant.
Comment se passent les cours de danse ?
Les cours de classique d’Élisabeth Platel ressemblent à ce que je fais au quotidien à Toulouse, je reconnais la technique qui n’est pas vraiment différente de ce que j’apprends d’habitude. Elle insiste beaucoup sur les accents et le travail des bras. Les cours de danse contemporaine de Lakey Evans-Peña ne sont pas non plus trop différents, même si ce n’est pas pareil. Depuis trois jours, je ne sais pas si j’ai évolué, mais en tout cas j’ai appris plein de choses ! Aussi bien dans des dynamiques différentes des exercices que de corrections techniques.
Quelle variation classique avez-vous choisie ?
J’ai pris la première variation du pas de trois de Paquita, en accord avec ma professeure. C’est celle qui me correspond le mieux dans la dynamique, il y a beaucoup de sauts, elle est tonique. C’est une variation qui a du caractère, il faut y mettre beaucoup d’épaulements.
J’avais des cours particuliers, quasiment tous les jours, pour la travailler. Le plus difficile ? Je suis gauchère et la variation est à droite. Et ce n’est pas pareil. On essaye d’aménager un peu mais c’est compliqué, on ne peut pas faire la chorégrapĥie à notre sauce.
Et pour la variation contemporaine ?
J’ai pris Les ombres du temps de Luca Branca. Elle aussi me correspondait le plus, dans les pas et l’interprétation. La variation est rapide et très tonique, même si la musique est lente. Et j’aime beaucoup ce que demande le chorégraphe dans l’interprétation. On peut voir la variation comme un souvenir, une sorte de cauchemar où l’on essaye de faire quelque chose sans y arriver. Puis sur la fin, c’est le soulagement avec la vie qui reprend.
Quel est votre objectif au Prix de Lausanne ?
De donner le meilleur de moi même et être satisfaite de ce que j’ai fait. Je sais que c’est très dur d’être en finale, même si je vais tenter tout de même. Puis je cherche une école. J’aimerais être prise à l’école du Het Nationale Ballet que j’aime beaucoup, peut-être parce que l’une des mes professeures, Marieke Simons, vient de cette compagnie. Elle avait d’ailleurs participé au Prix de Lausanne en 1988. J’aime beaucoup aussi l’école de John Cranko, la Royal Ballet School.
Quels sont vos ballets que vous avez envie de danser plus tard ?
Je rêve du personnage de Kitri. J’aime beaucoup Casse-Noisette aussi, la musique du pas de deux final m’emporte beaucoup.
Et une pensée pour Alaric Rigaud, également élève de l’Académie Carole Massoutié, sélectionné pour le Prix de Lausanne 2023 mais qui s’est blessé lors du deuxième jour de compétition et a dû renoncer à concourir.
Davost
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