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Cinq questions à Jean-Claude Gallotta sur son spectacle Volver avec Olivia Ruiz

Pour son nouveau spectacle Volver, Jean-Claude Gallotta s’associe à Olivia Ruiz. Sur des chansons de la chanteuse, le chorégraphe évoque une jeune femme espagnole immigrée en France, qui rêve de devenir chanteuse. En tournée en France, Volver est donné au Théâtre de Chaillot du 6 au 21 octobre. La pièce avait été auparavant donné à la Biennale de la Danse de Lyon. C’est là qu’une rencontre entre Jean-Claude Gallotta et des journalistes a été organisée, pour évoquer ce spectacle pas tout à fait comme les autres.

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Après L’Homme à la tête de chou avec Alain Bashung, vous travaillez avec une autre chanteuse. Comment vivez-vous la musique ?

Je suis un enfant du rock ! Mon parcours est dans la danse contemporaine, mais j’ai toujours aimé le rock, Franck Zappa était mon idole. En 2004, j’ai voulu rendre hommage à la fois au rock qui fêtait ses 50 ans et à Merce Cunningham (ndlr : chez qui Jean-Claude Gallotta s’est formé). Le rock et Merce Cunningham ont vécu dans le même pays et à la même époque mais sans jamais se croiser. Puis il y a eu la rencontre avec Alain Bashung sur L’Homme à la tête de chou de Serge Gainsbourg. Cela a été un coup de cœur et une belle rencontre. Malheureusement, Alain Bashung est mort juste avant la première, nous avons continué le spectacle sans lui, avec une bande-son qu’il avait réalisée juste avant de mourir. Puis il y a eu la rencontre avec Olivia Ruiz.

 

Comment s’est fait cette rencontre avec Olivia Ruiz ?

De façon fortuite dans un spectacle classique, L’amour sorcier. Le chef d’orchestre avait choisi Olivia Ruiz pour chanter la partition classique. On s’est rencontré, on s’est bien trouvé, on s’est bien aimé. Elle aimait danser alors qu’elle n’était pas danseuse, elle chantait. Elle évoquait cette rencontre avec Alain Bashung. L’idée de travailler ensemble est venue, se faire rencontrer mes danseur.se.s, ses musiciens et ses musiques plus rock. Je suis allé la voir en concert, j’ai eu tout de suite cette idée d’une histoire autour de sa vie, d’imaginer le chemin de cette petite fille d’immigrés espagnols qui réussit dans la chanson. Avec bien sûr une histoire d’amour, il faut toujours une histoire d’amour. Puis peut-être une fin tragique. Ça lui a plu.

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Comment avez-vous travaillé sur les chansons d’Olivia Ruiz ?

J’ai pioché dans son répertoire pour créer une histoire à travers ses chansons déjà existantes. Avec Claude-Henri Buffard, nous avons écrit des liaisons. C’est en écoutant ses chansons que j’ai eu l’idée de la dramaturgie générale. Je ne sais pas si c’est volontaire ou pas, mais je me suis rendu compte qu’Olivia Ruiz racontait sa vie dans ses chansons. Quand on prend son répertoire depuis le début, il y a toujours une chanson qui raconte un moment de son existence.

 

Volver est une autobiographie d’Olivia Ruiz ?

On a entremêlé la vie de sa grand-mère, qui voulait certainement être chanteuse, avec la vie d’Olivia Ruiz, celle qu’elle est aujourd’hui. Cela fait une contraction, comme si elle devenait sa grand-mère et que sa grand-mère devenait l’Olivia de 2016. Cela donne un temps un peu indéfini entre cette époque d’après-guerre et ces chansons d’aujourd’hui. Grâce à la musique et la danse, on ne peut exprimer que des impressions, comme avec une chanson. L’histoire se fait d’elle-même car le public n’est pas au théâtre où l’on doit tout définir.

Volver peut se traduire par « Retourner ». C’est l’idée du retour. Olivia Ruiz imagine que cette fille de fiction, cette fille d’immigrés espagnols, a du mal à retourner dans son pays d’origine. Mes parents, immigrés italiens, l’on vécu aussi. Ils étaient en France dans l’espoir de retourner en Italie, comme cette fille veut retourner en Espagne. Mais quand on y retourne, on est rejeté, parce que l’on n’est plus de là. Il y a une double perte d’identité et un regret improbable. Qu’est-ce que c’est que le retour au pays ? Pourquoi on a fui ?

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Volver de Jean-Claude Gallotta et Olivia Ruiz

Peut-on dire que Volver est une comédie musicale ?

On a voulu mêler ses musiciens et son chant avec ma compagnie et mes neuf danseur.se.s. Olivia Ruiz danse et chante en même temps, elle fait une performance incroyable. Elle a voulu prendre ma gestuelle, elle voulait tout apprendre, elle voulait le faire. Mes danseur.se. sont sur scène en permanence, comme la musique, ils font la fluidité de la pièce. Ils chantent juste à un moment, lors d’une bascule dans le spectacle.

Est-ce cela donne une comédie musicale ? Au début, on ne l’appelait pas comme ça, on ne savait pas trop comment l’appeler d’ailleurs… Et ça reste encore quelque chose à nommer. Pour les droits d’auteur, il n’y a pas 36 cases. Nous nous sommes donc mis dans celle qui s’appelle « Comédie musicale », en faisant un avenant expliquant que ce n’était pas tout à fait ça. Comédie musicale, concert dansé… Pour moi, Volver est un peu comme un oratorio contemporain rock : tout tourne autour d’Olivia Ruiz. C’est son histoire, son esprit. C’est comme son portrait, même si ce n’est pas exactement sa vie.

 

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