[Prix de Lausanne 2016] Rencontre avec le candidat Leroy Mokgatle (16 ans)
Le Prix de Lausanne 2016 a démarré ! Et les candidats et candidates sont mises à l’épreuve dès le premier jour : cours de danse classique et contemporaine (parfois devant le jury) et premier contact avec la scène avec les variations classiques.
Treize garçons concourent dans la catégorie 15-16 ans. Parmi eux se trouve Leroy Mokgatle, un Sud-Africain de 16 ans au physique atypique, qui se remarque déjà pendant les cours. Rencontre avec cet apprentis danseur après une journée de compétition.
Quand et comment avez-vous commencé la danse ? Quel est votre parcours ?
J’ai commencé la danse alors j’étais en deuxième année (CE1), je considérais cela comme une activité extérieure. Je suis allé dans plusieurs écoles, j’en ai essayé beaucoup. La dernière que j’ai essayée, Art of Motion, est celle dans laquelle je suis aujourd’hui. Cette école m’a ouvert l’esprit à de plus grandes possibilités, à voir ce qui se présentait autour de moi. C’est là que j’ai décidé de considérer la danse sérieusement, et d’en faire ma carrière.
Comment vous êtes-vous préparé pour le Prix de Lausanne ?
D’abord il y a les auditions : il faut envoyer une bonne vidéo. C’était un challenge pour moi car tout devait y être parfait, dans le bon angle. Puis vient la préparation, la partie la plus difficile, notamment parce qu’il faut choisir une variation qui me va, qui correspond à ma personnalité. Aussi, il ne faut pas tomber dans une sur-répétition, ça n’aide pas. Il vaut mieux y aller progressivement, faire attention aux détails, être sûr que tout est bien placé.
Vous avez rencontré quelques problèmes par rapport à votre taille, durant votre formation. Comment affrontez-vous ces obstacles ?
On m’a toujours dit que ma taille ne conviendrait pas à la danse, que mon corps n’était pas le bon type de corps. Je n’ai pas un physique extrêmement masculin, alors on m’a dit que j’étais trop petit, trop mince, que mes pieds n’allaient pas (ndlr : il a pourtant un joli coup de pied)… Mais tout cela me motive ! Je souhaite prouver à toutes les personnes qui ont pu dire ces choses qu’elles avaient tort, leur dire : « Je vais vous montrer que les personnes petites peuvent tout aussi bien réussir que les autres dans la danse« .
Que représente cette compétition pour vous ?
C’est pour moi une expérience au cours de laquelle je ne suis pas simplement devant des gens. Je veux leur dire : « Je m’appelle Leroy Mokgatle, c’est moi, voici ce que je peux faire, ce dont je suis capable, voulez-vous travailler avec moi ?« . C’est vraiment une occasion de s’exposer. Mais je tiens aussi à apprendre de nouvelles choses des autres candidat.e.s : au Prix de Lausanne, on peut voir un danseur effectuer un pas très différemment de ce que l’on a appris. Dans l’ensemble, c’est une importante expérience d’apprentissage.
Quelles variations avez-vous choisies, et pourquoi ?
En classique j’ai choisi la variation de Colas de La Fille mal gardée. C’est une variation difficile, pour sa vitesse notamment, il faut tenir le rythme sans toutefois se laisser emporter. Mais elle me correspond, et dans une telle compétition je ne sortirais pas de ma zone de confort car il faut avant tout montrer le meilleur de soi aux directeurs et directrices. La Fille mal gardée, justement, est dans ma zone de confort. En contemporain j’ai choisi Solo for Diego, elle dévoile davantage de moi en tant que personne.
Avez-vous une idée d’une école ou une compagnie que vous voudriez intégrer ? Avez-vous compagnie favorite ?
Pour l’instant je suis surtout à la recherche d’une opportunité, peu importe laquelle vient à moi. Je verrai si ce qui m’est proposé me correspond et je l’accepterai si c’est le cas. Mais je n’ai pas d’idée précise, je suis ouvert à tout, j’y vais au jour le jour. Et je n’ai pas de compagnie préférée. J’aime les regarder toutes ! Elles ont toutes différents styles, des façons différentes d’aborder les mouvements, alors je les apprécie toutes.
Comment voyez-vous votre future carrière de danseur ?
En ce moment, je voudrais plutôt voyager, découvrir plein de techniques et de compagnies différentes. Je me verrais donc plutôt avoir des contrats d’une année ici et là, ce qui me permettrait de passer de troupes en troupes.
Y a-t-il un rôle ou un ballet que vous rêvez de danser ?
C’est très difficile de choisir mais pour l’instant je dirais Giselle. C’est un ballet que j’adorerais vraiment danser. Ce n’est pas forcément beaucoup donné là d’où je viens, je n’ai pas forcément été orienté vers les grands ballets classiques dont Giselle fait partie. Mais c’est justement pour cela que j’aimerais la danser, c’est une oeuvre purement classique. Cela me plairait aussi beaucoup de danser des ballets contemporains, je ne saurais juste pas exactement lesquels. Il y a toutefois des chorégraphes qui me plaisent, comme Mats Ek ou Charlotte Edmonds. C’est une très jeune chorégraphe qui aura bientôt 19 ans, mais qui fait un travail incroyable.
Y a-t-il un danseur ou une danseuse qui vous inspire en particulier ?
Il n’y a pas un seul danseur qui m’inspire. Je crois que s’il n’y a qu’un danseur que l’on admire, on risque de vouloir être exactement comme lui, faire les choses comme il les fait. Alors que je préfère prendre un peu chez tous les danseurs que je vois, mélanger tout cela et l’ajouter à moi, sans effacer ce que je suis. Je ne veux pas me perdre à essayer d’être quelqu’un d’autre mais garder le vrai moi.
a.
Merci pour cette belle interview.
Karine
« dans une telle compétition je ne sortirais pas de ma zone de confort car il faut avant tout montrer le meilleur de soi aux directeurs et directrices »… Un peu étrange car justement ce qu’on demande aux danseurs dans une telle compétition c’est de sortir de leurs facilités. Ce garçon a l’air vraiment à part… A suivre !