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Rencontre avec Eleonora Abbagnato pour sa master-class au Théâtre de Paris le 18 juin

Eleonora Abbagnato, directrice du Ballet de l’Opéra de Rome et Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, passe à Paris avec sa troupe le lundi 18 juin, pour une master-class autour de Roland Petit et Angelin Preljocaj au Théâtre de Paris. L’occasion de rencontrer l’Étoile italienne, toujours très attachée au répertoire français.

Master-class avec Elenore Abbagnato

 

Pourquoi le choix d’une master-class plutôt qu’un spectacle ?

Comme on m’a proposé ce petit théâtre, le Théâtre de Paris, je trouvais l’idée d’une master-class plus intime. J’aime l’idée d’ouvrir la danse avec la parole, d’expliquer le travail. On ne se rend peut-être pas forcément compte de tous les détails dans un pas de deux, de tout le travail qu’il y a dans chaque mouvement, chaque pièce, chaque chorégraphie. Je ferai travailler deux couples du Ballet de l’Opéra de Rome, l’un le pas de deux de la chambre de Carmen de Roland Petit, l’autre le pas de deux de l’abandon du Parc d’Angelin Preljocaj. Je finirai en dansant ce duo avec Benjamin Pech, comme un petit final. Avec Benjamin Pech, nous dansons ensemble depuis 20 ans ! Et notre passion artistique n’a jamais ralenti, il travaille maintenant avec moi au Ballet de l’Opéra de Rome. Je suis très fidèle et très sûre de sa pensée qui est exactement comme la mienne.

 

Pourquoi avoir choisi ces deux chorégraphes et ces deux pas de deux ? 

Roland Petit et Angelin Preljocaj sont tous les deux liés à ma carrière, ce sont les deux chorégraphes qui m’ont le plus marquée. Roland Petit m’a amenée de Marseille à l’Opéra de Paris. Il a une signature évidente, dans la danse classique et en même temps très contemporaine. Le ballet Carmen va avoir 70 ans, c’est une chorégraphie tellement moderne ! En répétition, Roland Petit nous parlait beaucoup de chaque détail, de la musicalité, de la difficulté technique. Et en même temps, ce qui l’intéressait, c’était que nous soyons les personnages. C’est ça qui était extraordinaire chez lui.

Angelin Preljocaj, qui est plus actuel, me suit depuis 20 ans et me suivra jusqu’à la fin de ma carrière, c’est quelqu’un de très fidèle. Le Parc est sans doute le pas de deux contemporain le plus connu. Il y a une grande liberté en scène à danser ce pas de deux. Angelin Preljocaj est quelqu’un de très humain et très proche des artistes. En répétition, il nous disait de nous laisser emporter dans sa chorégraphie, et en même temps de garder la liberté de notre personnalité. Chacun peut ainsi interpréter ce pas de deux comme il le souhaite, et ça c’est génial, tous les chorégraphes ne demandent pas ce genre de chose. Ce pas de deux semble facile, mais il ne l’est pas tant que ça. Il faut beaucoup de coordination, de mouvements précis, et en même temps savoir se laisser emporter par la musique qui est magnifique. 

Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech – Adieux de Benjamin Pech

Pouvez-vous nous présenter les danseurs et danseuses qui participeront à cette master-class ? 

Pour Le Parc d’Angelin Preljocaj, je ferai travailler le Premier danseur Claudio Cocino et la soliste Giorgia Calenda. Claudio Cocino a maintenant un gros répertoire, il a tout dansé à Rome. Il est souvent choisi par Angelin Preljocaj qui aime beaucoup cet interprète. Giorgia Calenda a aussi beaucoup travaillé avec Angelin Preljocaj sur Annonciation, elle a déjà dansé Le Parc. Pour Carmen, ce sera avec les solistes Sara Loro et Michele Satriano. Ils ont beaucoup travaillé avec Luigi Bonino, qui s’occupe de transmettre les ballets de Roland Petit. Michele Satriano a été nommé cette année aux Benois de la Danse pour sa prise de rôle de Don José, nous avons dansé ensemble le pas de deux lors du gala. Sara Loro danse souvent du Roland Petit, elle a dansé L’Arlésienne ou Pink Floyd

 

Roland Petit et Angelin Preljocaj ont tous les deux une place importante dans votre programmation au Ballet de l’Opéra de Rome. Pourquoi ? 

Pour Roland Petit, je trouve ses ballets magnifiques et c’est très important de le retrouver en scène. Et le public aime beaucoup ce genre de répertoire. Pour Angelin Preljocaj, ce sont des pièces qui fonctionnent bien. Le Parc est demandé par toutes les meilleures compagnies du monde. Nous avons aussi repris Annonciation, un ballet que je trouve vraiment unique qui fonctionne bien dans les petits théâtres et que l’on n’a pas vu depuis longtemps à l’Opéra de Paris, Nous allons donner cette pièce, ainsi que des oeuvres de Roland Petit, lors d’un programme français à l’Opéra de Massy, les 23 et 24 novembre prochains. 

 

Quelle est votre ligne artistique au Ballet de l’Opéra de Rome ?

Il y a une nouvelle dynamique dans la compagnie, ça a beaucoup changé. La question du répertoire est importante, la proposition des spectacles aussi, le niveau des danseurs et danseuses surtout. Le public italien est très attentif à ce genre de chose. Aujourd’hui, le Ballet de l’Opéra de Rome danse un peu de tout, nous avons un beau répertoire maintenant. Nous dansons La Belle au bois dormant de Jean-Guillaume Bart, nous avons repris récemment Manon de Kenneth MacMillan, j’ai amené des pièces de Jiří Kylián, William Forsythe, Roland Petit ou Angelin Preljocaj, Alexander Ekman aussi. Nous avons aussi pas mal de tournée. Ce que je cherche avant tout maintenant, c’est la stabilité des danseurs et danseuses, que je puisse avoir des contrats d’un an pour travailler une saison entière avec les artistes et plus de choses. Ça a été le cas cette année parce que je me suis beaucoup battue, mais les saisons précédentes, je n’avais que des contrats courts, avec des coupures à certaines périodes de l’année. C’est là que se situe mon challenge aujourd’hui. 

Eleonora Abbagnato dans Carmen de Roland Petit

Vous êtes toujours Étoiles à l’Opéra de Paris. C’est difficile de concilier les deux postes ? On vous a peu vu en scène… 

Ce n’est pas compliqué de mener les deux de front, c’est une question d’organisation. J’ai été très présente la première année au Ballet de l’Opéra de Rome, ce qui est le plus important pour les danseurs et danseuses. Maintenant, la compagnie est installée et j’ai une équipe forte, un staff qui suit. Je peux donc aller danser ailleurs, je vais ainsi partir prochainement au Festival de Nuremberg avec Goyo Montero. Pour le Ballet de l’Opéra de Paris, on me voit peu sur scène, mais ce n’est pas mon choix… La saison prochaine, je devrais sûrement reprendre La Dame aux camélias, ayant dansé à sa création, participer à la soirée Jerome Robbins, danser pendant les tournées « Émeraudes » dans Joyaux de George Balanchine. Pour les créations, j’attends de savoir, il faut passer les auditions avec les chorégraphes. Je suis encore Étoile pour encore deux saison, je ferai mes adieux lors de la saison 2019/2020. 
 

Master-Class avec Eleonore Abbagnato au Théâtre de Paris le lundi 18 juin, autour de Carmen de Roland Petit et du Parc d’Angelin Preljocaj. 

 

 

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