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[Ballet du Capitole] Davit Galstyan : « Danser du Noureev est un gros challenge »

Le Ballet du Capitole de Toulouse est en tournée avec son programme Dans les pas de Noureev, composé d »extraits de ballets de Rudolf Noureev. La troupe est ainsi à l’Opéra de Massy, en région parisienne, les 14 et 15 décembre.

Rencontre avec Davit Galstyan, Premier soliste du Ballet du Capitole, qui évoque cette soirée et ce que lui ont apporté les chorégraphies de Rudolf Noureev.

 

Par ses nombreux pièges techniques, les chorégraphies de Rudolf Noureev font souvent peur aux danseurs. Quel a été votre premier sentiment en apprenant que vous alliez danser ses chorégraphies ?

Je n’ai jamais peur pour ma part ! (rires). J’étais en fait très content, ça allait me faire découvrir la danse classique à la manière de Rudolf Noureev. Sur chaque note, il y a un pas. C’était la façon dont ce grand danseur exprimait la danse. C’est très exigeant et demandant, c’est un gros challenge. Mais j’aime ça, j’aime quand il y a des difficultés dans la danse.

Davit Galstyan - Solor - La Bayadère

Davit Galstyan – Solor – La Bayadère

À Toulouse, vous avez dansé dans ce programme le rôle de Solor, avec l’acte des Ombres de La Bayadère. Comment se sont passées les répétitions ?

Nous avons travaillé deux jours avec Laurent Hilaire. C’était génial, il était très sympathique et c’est un grand. Cela fait toujours plaisir de travailler avec des danseurs comme ça. Il m’a conseillé d’être juste dans le rôle de ce guerrier. On a beaucoup travaillé sur le style de Noureev, sur cette Bayadère qui est si particulière. La chorégraphie est vraiment son style à lui. Je n’ai globalement pas eu de grosses difficultés, c’était juste un plaisir à danser.

 

À Massy, vous danserez le pas de deux de Roméo et Juluette. Le travail a-t-il été différent ?

Nous avons cette fois-ci répété avec Patricia Ruanne, la partenaire de Rudolf. C’était aussi génial de travailler avec cette personne incroyable. Pour moi, le rôle de Roméo a été très difficile. C’est d’abord très physique. C’est un passage qui dure dix minutes et qui commence par un long solo tout en contrôle, il n’y a pas un moment pour respirer. C’est très demandant, très physique. Mais la chorégraphie est tellement bien faite musicalement… C’est un pur diamant.

Ce pas de deux est absolument incroyable, avec beaucoup d’amour et de passion. Mais nous ne dansons qu’un extrait, ce qui est plus difficile. Il faut être Roméo tout de suite, il faut se préparer psychologiquement, ce n’est pas un pas de deux que l’on peut danser comme ça. Il faut avoir une préparation mentale pour arriver et tout donner au public pour qu’il comprenne l’histoire en dix minutes.

 

Vous dansez ce pas de deux de Roméo et Juliette avec Maria Gutierrez. Vous dansez très souvent avec elle, qu’appréciez-vous chez cette danseuse ?

Elle est vraie sur scène, elle est ce qu’elle est. J’aime ça. Et on travaille très bien ensemble.

Davit Galstyan et Maria Gutierrez - Roméo et Juliette

Davit Galstyan et Maria Gutierrez – Roméo et Juliette

Les danseurs disent souvent que travailler du Rudolf Noureev rend meilleur danseur. Vous êtes d’accord avec ça ?

Oui ! Dans toutes les chorégraphies de Rudolf Noureev, nous faisons tout à droite puis à gauche. C’est déjà difficile à faire du bon côté, donc des deux (rires). Il faut arriver à trouver une autre manière de faire les choses, et ça va aider pour les autres ballets à venir. Et puis Rudolf, c’est tout ce qu’il y a de plus difficile. Il a fait ses ballets pour des danseurs qui donnent tout, qui sont exceptionnels.

 

Quant au public, il a parfois l’impression de voir dans les chorégraphies de Rudolf Noureev des choses assez emberlificotées…

Si vous voyez le Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan, c’est sûr que c’est beaucoup plus simple. Mais chaque danseur a ses préférences. C’est le style de Rudolf Noureev, nous le gardons et nous le respectons.

 

Qu’est-ce que danser du Rudolf Noureev apporte au Ballet du Capitole ?

C’est un bon programme pour notre compagnie. Il y a beaucoup de jeunes danseurs et danseuses, cela leur apprend à danser des choses très difficiles. Ça fait grandir tous les danseurs, surtout les jeunes qui ont envie, qui poussent. C’est un très bon challenge pour tout le monde. Après, nous sommes une petite compagnie, nous ne nous comparons pas à l’Opéra de Paris.

Davit Galstyan et Maria Gutierrez - La Bayadère

Davit Galstyan et Maria Gutierrez – La Bayadère

Kader Belarbi a pris la direction du Ballet du Capitole depuis 2012. Comment s’est passée la transition avec Nanette Glushak, qui a dirigé la troupe pendant 18 ans ?

Les transitions ne sont jamais faciles, n’importe où dans le monde. Mais c’est comme ça, il faut s’adapter et continuer. Quand on est professionnel, avoir un directeur ou un autre ne change pas beaucoup au quotidien, on essaye juste de s’améliorer. Nanette Glushak me transmettait ses expériences de l’école balanchinienne. C’est génial pour un danseur de danser du Balanchine, cela fait grandir tout autant que les ballets de Rudolf Noureev. J’ai eu la chance d’avoir cette expérience. Maintenant, Kader Berlarbi nous transmet d’autres choses. Il nous apporte le style Noureev qui est un beau cadeau pour la compagnie, et beaucoup d’autres choses aussi. Nous avons beaucoup de très bons ballets à danser. Il est dans une plus grande diversité de styles.

 

Comment peut-on définir l’esprit du Ballet du Capitole aujourd’hui ?

Nous faisons des programmes très différents, du très classique au contemporain. En début saison, nous avons dansé La Bête et la Belle de Kader Belarbi qui est plutôt contemporain. Maintenant nous faisons le programme Noureev. Ensuite nous passerons à un programme mixte avec des pièces de David Dawson ou Maguy Marin. Puis on va enchaîner avec Le Corsaire de Kader Belarbi, beaucoup plus classique. C’est un très bon mélange pour un danseur d’aujourd’hui, d’arriver à danser un peu de tout. Ça fait grandir et c’est enrichissant.

Maria Gutierrez et Davit Galstyan - Le Corsaire - Ballet du Capitole

Maria Gutierrez et Davit Galstyan – Le Corsaire – Ballet du Capitole

Vous avez été nommé Premier soliste l’année dernière, l’échelon le plus élevé dans la hiérarchie du Ballet du Capitole. Qu’est-ce que cela a-t-il changé ?

Le quotidien n’a pas changé, je suis le même (sourire). Mais je sens que j’ai beaucoup plus de responsabilité sur les épaules. Cela faisait longtemps que je dansais des premiers rôles, depuis quatre ans. Il y a deux ans, Kader Belarbi m’a donné le premier rôle de son ballet La Reine morte, très difficile à danser. On va dire que je m’y attendais un peu (sourire), mais tant que l’on n’est pas nommé, on n’est jamais sûr.

 

Qu’est-ce qui vous attend pour la suite de la saison ?

Je vais reprendre en tournée le rôle-titre du Corsaire de Kader Belarbi, qu’il a créé sur moi. Nous allons le danser en Italie notamment. Pour la suite, il y a beaucoup de choses de prévues, mais je ne sais pas encore ce que je danserais précisément.

 

Commentaires (1)

  • a.

    merci Amélie, très enthousiasmant!

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