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Philippe Solano : “Je veux montrer ce qu’est vraiment la danse classique”

La Meilleure Danse, émission de danse diffusée sur W9, compte pour sa deuxième saison un danseur classique parmi les candidats, Philippe Solano. Après un premier tour où il se fait remarquer avec une variation de Don Quichotte, place au ¼ de finale, diffusées le mardi 29 mai. A quelques heures de l’émission, rencontre autour de son aventure dans le programme et de sa jeune carrière de danseur, qui l’a déjà fait beaucoup voyagé.

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Comment a démarré l’aventure La Meilleure Danse ?

J’étais en Géorgie, là où je dansais depuis 1 an ½,, pendant les premiers casting. C’est ma sœur qui a vu ça sur Internet. Elle m’a demandé si je voulais le faire. Au début, je ne pouvais pas trop partir. Puis je suis rentré en contact avec la production, on a fixé une date où je pouvais venir en France pour passer l’audition. J’ai été sélectionné, et je suis rentré de Géorgie.

Tu avais pu regarder la première saison ?

Non, comme j’étais à l’étranger, je n’avais pas pu voir la première saison. Je ne savais même pas que ça existait ! C’est ma sœur qui a envoyé des vidéos de moi.

En tant que danseur classique, tu n’avais pas peur de faire une émission de télévision, où ce style de danse est très peu représenté ?

J’avais un peu d’appréhension, mais j’ai fait confiance à ma sœur. Au début, je n’avais pas vraiment envie de faire une émission, je pensais plus à ma carrière qu’à la télévision.

Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? 

Deux choses. D’abord, je me suis dit que c’était l’occasion de montrer ce qu’était vraiment la danse classique à un public plus vaste que les gens qui viennent à l’Opéra. Et puis je savais qu’il y avait Marie-Agnès Gillot. Elle pouvait aider pour expliquer aux gens ce que je faisais. Lors de mon premier passage, j’ai dansé Don Quichotte, il fallait expliqué le ballet.

C’est toi qui a choisi cette variation pour le premier prime ?

Oui ! Je voulais vraiment faire du classique, c’est comme ça que je me suis présenté au casting. J’ai quand même eu peur de toucher un peu au répertoire. Il fallait vraiment bien le passer, c’est une variation connue par tous les danseurs. Une variation libre, si on se plante, ça ne se voit pas, personne ne la connaît, on l’arrange un peu à notre sauce. J’ai eu un peu peur, mais je me suis dis qu’il fallait que je montre en premier quelque chose de classique.

Tu n’avais pas peur de te lancer dans du pur classique, face à un public qui ne s’y connaît pas forcément ?

Mon style est classique, mais j’ai essayé de présenter des variations impressionnantes, assez show. Ce n’est pas de la danse classique comme les gens l‘imaginent. J’ai voulu montrer des variations qui envoient, que les gens se disent : “Wahou, la danse classique, ce n’est pas ce qu’on croit”.

Comment s’est organisé ce premier duel ?

Je me suis présenté aux candidats en disant que j’étais soliste au Ballet de Géorgie pendant 2 ans. Cela a dû leur faire un peu peur, car quand Stéphane Rotenberg a demandé qui voulait se présenter contre moi, personne ne s’est manifesté. C’était donc à moi de choisir, et j’ai pris le groupe de french cancan, les Magma Show.

Pourquoi ce choix ?

C’était stratégique. Je voulais d‘abord être contre un groupe. Et je ne voulais pas affronter du hip hop, parce que je sais comment c’est dans les émissions. Le public, celui qui ne s’y connaît pas trop en danse, préfère le hip hop, des groupes qui bougent. C’est vraiment le style de danse qui faisait peur à tous les candidats. Je savais que le public ne s’y connaissait pas forcément en french cancan. Il faut quand même toucher le public, pas uniquement le jury.

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Vous aviez eu beaucoup de temps pour répéter ?

On a eu une seule répétition, sans caméra. Après, il fallait qu’on y aille et tourner la séquence, directement.

Les conditions n’étaient pas trop difficiles pour danser une variation du répertoire ?

Le sol était très dur, ce n’était pas du tout fait pour de la danse classique. La production m’a mis du tapis de scène exprès pour que je ne glisse pas. ils ont fait le nécessaire pour que je fasse au mieux. Après, pour le sol dur, ils ne peuvent rien y faire.

Et pour la grandeur de la salle ? Un plateau TV est plus petit qu’une scène…

J’ai essayé de faire un peu moins grand, de prendre un peu moins d’élan pour atterrir sur scène et pas dans le public ! J’aurais pu aller plus loin, mais j’ai fait le maximum pour ce que je pouvais faire sur ce plateau. C’était un peu frustrant. C’est toujours impressionnant quand on voit quelqu’un sauter ou voyager autant. Et c’est vrai que je voulais surtout toucher Marie-Agnès Gillot la première fois. Elle savait bien que j’avais fait le maximum pour ce plateau. Elle, elle comprenait, c’était ça le plus important. J’avais quand même pris de la place, je n’étais pas trop restreint.

Tu étais content de toi après ce passage ?

Je n’étais pas déçu, mais pas hyper content non plus. J’aurais pu faire mieux ! Dans la danse classique, on se remet en question tout le temps. On est plus en compétition contre nous-même pour progresser, que contre les autres. J’étais comme ça durant l’émission. Je voulais aller le plus loin possible. Après, on pense tous à gagner. Tous les danseurs sont compétiteurs dans l’âme, sinon on se fait bouffer par le milieu.

Comment a régi le jury ?

Marie-Agnès Gillot, je pense que ça a dû l’étonner de voir une variation classique dans l’émission. A mon avis, elle ne s’y attendait pas, et ça lui a fait plaisir de voir quelqu’un présenter de la danse classique. Entre elle et moi, on pouvait parler un langage que tout le monde ne comprend pas. Il y avait beaucoup d’échanges entre nous.  Elle m’a corrigé sur deux-trois petits détails, pour je montre au public que je peux aller vite dans la correction. Franco Dragone a d’ailleurs été étonné de ça. Je pense que lui et Redha ont été impressionnés. Marie-Agnès Gillot, elle été contente, ça lui a plu, mais elle voit souvent ce genre de variations, et par des danseurs Etoile de l’Opéra de Paris, elle a l’habitude.

Tu as eu l’occasion de parler avec le jury après votre passage ?

Pas spécialement pendant le tournage, on passait, on pouvait se croiser dans les couloirs, mais on ne pouvait pas trop les voir. Plus tard, j’ai pu leur parler. Redha m’a dit qu’il allait en Géorgie faire quelque chose pour une chanteuse là-bas. Il m’a dit qu’il partait trois mois, je lui ai souhaité bonne chance ! Lui et Marie-Agnès Gillot sont très amicaux, Franco Dragone parle moins.

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Après la diffusion du premier prime, tu as reçu beaucoup de message d’encouragement ?

Pleins ! Et ça m’a fait très plaisir. Je prends le temps de répondre à tout le monde, il n’y a pas une personne que me contacte auquel je ne réponds pas. Après mon premier passage, j’ai eu un nombre de messages incroyables. Je ne m’y attendais pas. J’étais en contrat en Espagne, je travaillais tout le temps, j’ai pris quatre jours pour répondre à tout le monde. Il y a une petite fille qui m’a dit avoir découvert la danse classique avec moi, et avoir maintenant envie de prendre des cours.

Tu as eu aussi des messages de danseurs et danseuses professionnel-le-s ?

J’ai eu des amis danseurs, que je n’avais pas revu depuis longtemps. On se connaît tous, ou presque, dans ce milieu. ils ont dit que j’avais été impressionnant. Tout le monde m’a dit que j’avais bien démontré ce que c’était la danse classique, en espérant que j’aille loin. Cela fait plaisir d’avoir des nouvelles de gens qu’on a connu il y a longtemps.

Il y a aussi des filles qui font de la GRS et qui m’ont vu danser, elles savent la difficulté que c’est, des danseurs hip hop qui ont adoré ma prestation… La danse classique, ça peut être aimé par tout le monde.

Les ¼ de finale sont diffusées le 29 mai, qu’est-ce que tu as préparé ? 

Encore une fois, personne n’a voulu m’affronter. Celui ou celle que je choisissais devait ensuite se décider le thème imposé. J’ai fait un choix stratégique, j’ai pris quelqu’un un peu dans dans le même style que moi, pour qu’il prenne un thème qui pourraient me convenir. J’avais quatre jour pour créer la variation. Quand on est en groupe ou en duo, c’est beaucoup plus difficile, tout seul, ça va très vite. J’ai fini en une journée, j’ai pu répéter les trois autres jours.

Qu’as-tu pensé de ta prestation ?

Cette fois-ci, j’étais vraiment content de moi. Marie-Agnès Gillot m’a dit des choses qui me restent encore en mémoire, ça m’a beaucoup touché. Souvent, je me remets en question même si on me dit que c’est bien. Là, je me suis vraiment dit “Whaou”. Techniquement en tout cas.

Quel était l’ambiance entre les candidat-e-s pendant les tournages ?

Je me suis attaché à quelques candidats, comme Ingrid (néo-classique flamenco). On reste en contact, c’est vraiment devenu une très bonne amie. Haspop aussi, c’est quelqu’un de très gentil. Il m’a dit des choses qui m’ont beaucoup touché. Il ne connaît pas la danse classique, mais quand il m’a vu répéter, il m’a dit que je méritait de gagner, que ce que je faisais était tellement dur, que ça n’avait rien à voir avec les autres candidats.

Après, pendant le tournage, je parlais avec tout le monde, je ne me prenais pas trop la tête avec la compétition. Je faisais mon truc surtout contre moi. Il y avait des candidat-e-s un peu plus prétentieux, très peu. Ceux-là, on ne les calcule pas, ce n’est pas grave.

Que penses-tu du concept de l’émission La Meilleure Danse ?

D’abord sélectionner, c’est bien. Sur les 42 candidats, il y a beaucoup de professionnels. On est tous d’un assez bon niveau. Je suis à l’opéra, il y a des gens champions du monde de leur discipline, ça montre bien la diversité de la danse, même si on reste sur du show.

Ensuite, c’est vrai que je trouve les émission un peu longues parfois, mais il y a beaucoup de talents. Après, je trouve que certains candidats n’ont pas beaucoup poussé sur la difficulté. J’ai toujours essayé de pousser la technique au maximum, il y a en qui passent un peu plus facilement avec des choses plus simples, c’est parfois un peu frustrant.

Cette année, une partie du public dans la salle peut voter pour repêcher un ou une candidat-e-. Qu’en penses-tu ?

C’est n’importe quoi ! Ce n’est pas du tout un public connaisseur de danse.

Mais au final, un danseur ou une danseuse se présente toujours devant un public…

Pour un concours, il faut les meilleurs de l’émission, c’est à un jury de professionnels de décider. Après, le public a le choix de choisir son gagnant parmi les huit derniers. Quand le public choisit, ce n’est pas forcément le plus méritant qui va gagner. Ce n’est pas juste pour des candidats qui méritaient d’aller plus loin, et qui s’arrêtent à cause de gens qui ne s’y connaissent pas beaucoup en danse. John et Manu auraient dû être rattrapé aux premières ¼ de finale, ce qu’ils ont fait au rattrapage était vraiment très très bien… Mais c’est normal que le public ait quelque chose à dire, c’est pour eux que l’on danse.

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Quels sont les candidats qui t’ont impressionné ?

J’ai beaucoup aimé Soria et Mehdi. Ils font des choses très difficiles. C’est la difficulté de la danse que je regarde le plus, tandis que le public réagit plus au show.

Pourquoi le hip hop est toujours favori de ce type d’émission ?

Le hip hop a plus de capacité pour passer à la télévision. C’est un truc qui entraîne le public, et c’est ce que recherche la production. Le hip hop, c’est hyper dur. Mais ça fait plus show TV que quelque chose de propre. Je suis hyper pointilleux sur les petits détails. En hip hop, on ne va pas voir les petits détails. Un danseur classique, s’il s’y connaît, il va voir devant sa télévision que je n’ai pas pointé le pied à un moment. Je dois être très pointu dans tout. le hip hop est moins pointu. Si quelqu’un se casse la figure, cela va moins se voir que si moi, je me plante. Je ne dis pas que c’est plus facile, mais il peuvent se rattraper plus facilement. Moi, j’ai la pression, il ne faut pas que je me plante.

Tu conseillerais cette émission à des amis danseurs ?

Oui. Présentez-vous pour que l’on puisse continuer à montrer ce qu’est la danse classique, la difficulté, et faire en sorte que les gens mettent la danse classique au même niveau que des styles plus télévisuels. Je leur dis juste de faire attention à leur corps, vu la scène. Mai c’est une bonne aventure, une bonne possibilité de montrer ce qu’on est.

Revenons sur ton parcours : à quel âge as-tu commencé la danse ?

J’ai commencé à 4 ans, par la danse moderne et contemporaine, à Grasse. A 15 ans, je suis passé en horaire aménagé, je n’avais jamais fait de danse classique. J’ai voulu m’y mettre parce qu’on m’a expliqué que c’était la base de tout. Si je danse du classique, je peux danser toutes les danses. En classique, on travaille le centre de notre corps, on travaille beaucoup dans la retenue. Après, on est aussi capable de se lâcher. J’ai eu mon bac à 17 ans, puis je suis parti dans la compagnie pré-professionnelle Europa Danse.

Comment as-tu réussi à rattraper le niveau en seulement trois ans de danse classique ?

La professeure que j’ai eu à Grasse m’a beaucoup poussé. En trois ans, elle a réussi à faire de moi quelqu’un d’assez bien pour entrer dans une compagnie. C’est une professeure exceptionnelle, même si, si on n’est pas motivé, on ne peut rien faire. Mais moi, j’étais motivé et elle me poussait toujours plus. C’est ce qui a fait que j’ai réussi. Au début, je pouvais tout juste passer deux pirouettes, ça me fait rire quand le gens disent que c’est naturel. Vous ne savez pas ce que j’ai vécu, j’ai travaillé comme un dingue pour être en-dehors, pour sauter, pour tourner.

Comment s’est déroulé ton expérience chez Europa danse ?

J’ai fait six mois de tournée en Europe. On était avec des jeunes de 17 à 21 ans, dans un groupe entre une école et une compagnie. On montait beaucoup sur scène, c’était génial pour l’expérience scénique. Puis je suis allé six mois au Ballet de l’Opéra de Bordeaux, où j’ai dansé dans Roméo et Juliette, Le Lac des Cygnes et une soirée russe.

La même année, tu tentes également le YAGP. Comment cela s’est-t-il passé ?

C’était en avril 2010. J’ai été sélectionné parmi 300 participants pour la finale à New York, et j’ai fini dans le top 12 des finalistes, sur les 5.000 participants au départ. J’avais 19 ans et je suis parti tout seul une semaine à New York. J’ai reçu deux bourses, une pour un stage d’été à la San Francisco Ballet School, une pour le Jacob’s Pillow, qui est un peu comme le Monaco Dance Forum.

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Tu as eu des propositions au Jacob’s Pillow ?

J’ai eu une proposition de contrat pour le Washington Ballet. Puis Nina Ananiashvili, la directrice du Ballet de Géorgie, est venue. Elle m’a proposé tout de suite de rentrer dans sa compagnie directement en tant que soliste, alors que je n’avais jamais eu l’expérience d’une compagnie. Quand on entend “soliste”, on se dit “Whaou”.

Comment s’est passé cette expérience ?

Dès que je suis arrivé, en septembre 2010, j’ai dansé des rôles comme Tarantella, La Fête des fleur à Genzano, des rôles de solistes. J’ai pu danser pleins de choses, j’ai fait beaucoup de tournées, à New York, en Asie… Cette expérience m’a beaucoup apporté, c’est ce qui m’a fait le plus progresser.

Humainement, c’était un peu plus difficile apparemment…

Il y avait des danseurs qui étaient là-bas depuis dix ans, et moi j’arrive et j’ai tous les rôles… Dans la compagnie, on ne m’a donc pas bien aimé tout de suite. Et puis je suis resté presque deux ans sans voir personne, sans voir ma famille. Il n’y a pas de vacances là-bas, il n’y a pas de jour pour Noël ou pour le Nouvel An, j’ai passé ces deux fêtes tout seul. La mentalité aussi est très différente. Tout le monde reste en famille, même si tu as des amis, tu ne les vois donc pas forcément en dehors. C’est assez dur. J’ai eu beaucoup de douleurs morales et physiques. J’étais fatigué, et toujours tout seul quand je rentrais le soir.

Comment as-tu tenu le coup ?

Avec tous les rôles que l’on me donnait, je me disais que ça pouvait m’ouvrir des portes pour de plus grandes compagnies. Après, tout est dans le mental. Je n’avais plus de vie sociale, je travaillais tout le temps. Même quand je ne travaillais pas, je pensais au travail parce que je n’avais rien d‘autre à faire. Plus tard, j’ai dansé le pas de trois du Lac des Cygnes, le pas de six de Giselle, j’ai même dansé le Prince dans Casse-Noisette ! Nina Ananiashvili m’a donné l’opportunité de faire pleins de choses, et c’est pour ça que je suis resté. C’est grâce au niveau que j’ai acquis que j’ai pu entrer au Barcelona Ballet d’Angel Corella.

Pourquoi as-tu décidé de partir de Géorgie au bout d’un an ½ ?

J’avais un peu peur de partir. Je rompais un contrat de soliste et je n’avais rien, je n’avais pas eu le temps d’aller auditionner ailleurs, j’étais tout le temps en Géorgie. Mais presque deux ans sans vie sociale, alors que l’on est jeune, on se dit que l’on est en train de gâcher sa vie. Même si l’on fait ce que l’on aime, il n’y a pas que la danse dans la vie.

Comment s’est passé ta venue au Barcelona Ballet , en février 2012 ?

J’avais imposé au Ballet de Géorgie d’avoir dix jours de vacances pour le Nouvel An. Ils m’ont finalement demandé de rentrer plus tôt, comme je devais danser le rôle principal d’un ballet. Mais j’avais eu le temps de passer une audition à Barcelone, pour le Barcelona Ballet. Angel Corella m’a pris tout de suite. Je suis retourné en Géorgie pour prendre mes affaires, j’ai dis à Nina Ananiashvili que je ne pouvais plus, et j’ai dit au revoir. J’ai beaucoup réfléchi, je lui ai écrit une lettre pour la remercier, je lui ai parlé. Je voulais rester en bons termes avec elle, mais c’est assez dur de rester en bons termes avec les directeurs des compagnies, ils ne comprennent pas forcément pourquoi on veut partir.

Que recherchais-tu artistiquement en allant au Barcelona Ballet ?

Je ne pouvais pas rester toute ma vie en Géorgie, et j’avais envie de faire autre chose. J’avais dansé tous les rôles que je pouvais dans cette compagnie. La troupe a plein de ballets classiques et néo-classiques, mais par rapport à ma taille, plutôt petite, je ne pouvais pas non plus danser les grands rôles, parce qu’il n’y avait pas de filles qui me correspondaient au niveau de la taille. J’ai fait le maximum que je pouvais. Cette expérience ne pouvait rien m’apporter de plus, à part refaire la même chose, donc j’ai pris le risque.

Comment s’est passé ton travail avec le Barcelona Ballet ?

La première fois que j’ai dansé avec le Barcelona Ballet, c’était en février 2012, et j’ai dansé dans Le Lac des Cygnes. Puis ils m’ont rappelé pour la tournée de trois semaines aux États-Unis. On a fait New-York, Detroit, Houston… On a dansé plein de ballets, ça m’apportait vraiment quelque chose. C’était des ballets que je n’avais pas dansé, comme du néo-classique, du Wheeldon. Angel Corella reprenait souvent des ballets qu’il avait fait avec l’American Ballet Theatre. Et puis c’est une personne formidable, incroyable. On a eu une conversation qui m’a beaucoup touché.

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Que penses-tu de cette compagnie ?

C’est une petite compagnie, il y a 30 danseurs et danseuses, mais ce sont tous des bombes ! Par rapport à certains, moi, je ne suis rien. Il faut voir le niveau, c’est incroyable. Dans la danse classique, il faut toujours quelqu’un qui te pousse. Je n’ai que 21 ans. Quand je voyais les Principals de cette compagnie danser, le niveau qu’ils avaient à 26 ans, je me disais que moi aussi il fallait que j’arrive à ça, il fallait que je me donne un an pour arriver à ça. Je veux aller dans une compagnie où je trouve des danseurs plus forts que moi, sinon ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas ça qui va te pousser plus haut.

Je me suis vraiment dit c’était ma compagnie. En plus, il y a pas mal de danseuses petites de taille, donc je pouvais plus facilement travailler avec elles. Je suis resté avec eux 1 mois ½. Cette compagnie, il n’y en a pas beaucoup comme ça dans le monde, c’est triste ce qui leur arrive (ndlr : le Barcelona Ballet connaît de grosses difficultés financières, comme expliqué dans le dernier Petit bilan d’actu).

Tu as finalement signé un contrat avec le Ballet du Capitole pour la prochaine saison. Comment c’est arrivé ?

Je n’avais qu’un contrat ponctuel avec le Barcelona Ballet, et je savais qu’il me fallait quelque chose de fixe. Je ne pouvais pas me retrouver à la case départ. J’ai passé des auditions, j’ai fait celle du Ballet du Capitole pendant le tournage de La Meilleure danse, j’ai juste fait l’aller-retour. J’ai aussi tenté la compagnie de Victor Ullat à Madrid. J’avais fait un détour dans cette ville avant de rentrer à Nice, j’y suis allé juste pour prendre un cours. Après la leçon, on m’a proposé un contrat. Mais ça ne m’intéressait pas trop, j’ai envie de faire du classique alors que je suis encore jeune.

Pourquoi as-tu choisi le Ballet du Capitole, qui n’a pas forcément une saison ultra-classique l’année prochaine ? 

En gros, il y a trois grandes compagnies en France : le Ballet de l’Opéra de Paris tout en haut, puis le Ballet de l’Opéra de Bordeaux et le Ballet du Capitole. Je n’avais plus envie de retourner à Bordeaux, donc j’ai tenté Toulouse. Je sais qu’il y a un bon niveau, même si je n’ai jamais vu la troupe danser.

Passer de soliste à corps de ballet, ça ne va pas être difficile ?

Je ferais tout pour monter rapidement !

Tu n’a jamais voulu tenter le Ballet de l’Opéra de Paris ?

Si, mais je me suis dit qu’ils ne me prendront jamais. Je ne suis pas forcément physiquement grand de taille, je pense que je ne conviens pas trop à cette compagnie. L’Opéra de Paris, j’adore, mais c’est sûr que je resterais derrière toute ma vie. Peut-être que je tenterais un jour…

Quelle serait la compagnie de tes rêves ?

Le San Francisco Ballet est toujours mon rêve. Mais pour l’instant, je ne me sens pas trop de retourner loin. Cela fait quatre ans que je n’arrête pas de bouger, j’ai envie de rester un peu en France.

La Meilleure Danse, tous les mardis à 20h50 sur W9.

Comments (3)

  • Super interview! Très intéressante.
    C’est fou de voir ce qu’est la vie d’un danseur classique qui n’est pas dans une compagnie fixe comme l’Opéra de Paris.

    J’espère qu’il ira loin dans le jeu.
    Je trouve aussi qu’il n’a pas tort quand il parle du public votant de la meilleure danse. Après tout c’est un concours. C’est normal d’avoir un jury. Et le public pour la dernière émission!

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  • Super interview merci. Philippe est très mature et déterminé, j’espère qu’il ira encore très loin.

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  • Merci 🙂 CAMS ET BERLIOZ

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