Prix de Lausanne 2017 – Rencontre avec la candidate Louise Coquillard
Louise Coquillard, 17 ans tout juste, élève au CNSMDP en 4e année dans la classe d’Isabelle Ciaravola, fait partie des candidat.e.s sélectionné.e.s pour le Prix de Lausanne 2017. Rencontre à l’issue de son premier jour de compétition.
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Tout d’abord, quel est votre parcours de danseuse ?
J’ai commencé à danser à 6 ans, en classe d’éveil, chez moi à Châlons-en-Champagne. Puis je suis entrée dans le conservatoire de ma ville. Ma professeure m’a ensuite présentée à Madame Arabian à Paris. J’ai commencé à prendre des cours avec elle à l’Académie Chaptal tous les samedis, je faisais le trajet depuis Châlons-en-Champagne. À 12 ans, je suis rentrée au CNSMDP, Clairemarie Osta était alors la directrice. J’ai eu Carole Lagache comme professeure en première année, puis Anne Salmon en 2e et 3e année. Je suis maintenant en 4e et dernière année, avec Isabelle Ciaravola.
Pourquoi avez-vous eu envie de vous présenter au Prix de Lausanne ?
Plusieurs élèves du CNSMDP participent chaque année au Prix de Lausanne, j’ai découvert le Prix en entrant au Conservatoire. Je l’ai suivi chaque année, j’ai regardé mes amis qui ont auditionné l’année dernière, j’ai eu leurs retours. Ils disaient tous et toutes qu’il y avait une excellente ambiance, que l’on progressait énormément, que l’on apprenait plein de choses rien que par le fait de rencontrer des danseur.se.s du monde entier. Ça m’a vraiment donné envie de tenter ma chance, c’est une belle expérience.
Comment est Isabelle Ciaravola en tant que professeure ? Comment vous-a-t-elle préparée pour le Prix de Lausanne ?
Isabelle Ciaravola est vraiment incroyable. Elle travaille la technique bien sûr, mais aussi beaucoup sur les sensations. Elle nous aide à nous exprimer, à trouver qui nous sommes, à dévoiler notre personnalité artistique. On touche un peu à tout avec elle, c’est super. Quand j’ai décidé de passer le concours, je lui en ai parlé et mon directeur m’a donné l’autorisation de me présenter. J’ai tourné la vidéo de pré-sélection avec l’aide d’Isabelle Ciaravola, par le service audiovisuel du CNSMDP. Elle m’a fait faire des exercices à la barre et au milieu, que nous travaillions avant tous les jours pendant le cours. En apprenant que j’étais sélectionnée, J’étais très heureuse ! J’avais hâte d’y participer.
Quel est votre choix de variation classique ?
J’ai choisi Raymonda, la variation du rêve. J’aimais beaucoup cette variation. Dès que j’ai commencé à la travailler, je me suis senti bien dedans. Il y a beaucoup de contrôle, c’est une variation difficile. Il faut tenir ses équilibres, avoir du contrôle dans ses descentes de pointes, puis bien se ramasser quand elle devient très rapide sur la fin. Mais elle permet d’y apporter une suspension et du lyrisme. On y trouve une liberté d’interprète. J’aurais un tutu qui vient de la réserve de costumes du CNSMDP.
Comment l’avez-vous travaillée ?
J’ai commencé à travailler la variation avant Noël. Nous l’avons étudiée en cours de répertoire avec Isabelle Ciaravola, aussi pendant un stage à l’Académie Chaptal. Je passais la variation chaque jour, pendant les cours ou toute seule. Isabelle Ciaravola a beaucoup porté l’accent sur le contrôle. Elle m’a aussi donné beaucoup de conseil pour se libérer dans le haut du corps, trouver des épaulements. J’ai enfin dansé cette variation pendant notre spectacle où nous avons montré des extraits de Raymonda. Sur scène, j’ai essayé de me détendre au maximum. Il ne faut pas être stressé, sinon on n’arrive plus à bouger. J’ai essayé de trouver les mêmes sensations que j’avais trouvées en studio, et ça s’est plutôt bien passé. Le spectacle s’est déroulé fin janvier, deux jours avant de partir au Prix de Lausanne.
Pour votre premier jour au Prix, vous avez pour la première fois passé votre variation sur la scène en pente du Théâtre de Beaulieu. Comment cela s’est passé ?
Je n’avais jamais dansé en pente. J’avoue que je m’attendais à pire que ça ! (rire). Mais il faut faire attention, la pente perturbe beaucoup. Si on se relâche, on part tout de suite d’un côté ou de l’autre. Je me suis donc beaucoup concentré sur la tenue. Je ne suis de toute façon pas d’une nature à stresser. L’adrénaline monte juste avant de monter sur scène, mais ce n’est pas un stress mauvais, qui me rend nerveuse.
Et qu’avez-vous choisi pour le contemporain ? Comment avez-vous travaillé la variation ?
J’ai choisi Nocturnes de John Neumeier en contemporain. Je trouve la chorégraphie magnifique et la musique de Chopin est très inspirante. C’est une variation lyrique aussi. On y trouve une liberté, on peut se l’approprier et s’exprimer. J’ai appris la variation seule, sur la vidéo, pour m’imprégner de la musique. Puis je l’ai travaillée avec Isabelle Ciaravola. Elle m’a donné des conseils surtout le relâché, sur le fait d’être détendu, et de m’imaginer une histoire dans ma tête. L’histoire que je me crée peut changer au fil de mon humeur, ce sont des choses assez personnelles. Cette variation est très différente du contemporain que je travaille au CNSMDP. Elle est plus dans une veine assez néo-classique, elle est d’ailleurs sur pointes. Je la danserai avec une robe fluide cousue pour moi, pour l’occasion, par la costumière du CNSMDP Cathy. Je la remercie énormément !
Comment se sont passés vos premiers cours au Prix de Lausanne ?
L’ambiance est d’abord très chaleureuse. Le cours de danse classique ressemblait à celui d’hier, en étant un petit peu plus dur. Il y avait des pas que je n’avais pas l’habitude de faire, des bras différents. c’est intéressant de découvrir d’autres techniques. La professeure Stefanie Arndt insiste beaucoup sur les épaulements et prendre la lumière. La présence du jury, qui était là pour nous observer, nous engage encore plus à nous exprimer, ça motive plus que ça ne stresse. J’ai beaucoup aimé aussi le cours de danse contemporaine de Didy Veldman, il y avait énormément d’énergie. C’est assez différent de ce que je fais au CNSMDP. Dans le cours de Lausanne, il faut beaucoup se tenir du haut du corps, du centre, alors qu’au CNSMDP on n’est plus dans le relâché. Mais on retrouve les contractions et le travail au sol, qui se ressemblent.
Qu’attendez-vous du Prix de Lausanne ?
J’espère aller en finale, j’imagine comme tout le monde. Avant tout, je pense que c’est une expérience très riche en rencontres et en conseils de la part des professeur.e.s. J’aimerais bien aussi avoir des opportunités pour l’année prochaine, comme intégrer une compagnie.
Vers quelle compagnie aimeriez-vous vous diriger ? Quel est le rôle de vos rêves ?
J’adore le Royal Ballet, j’aime beaucoup son répertoire très varié. J’aime sa dimension artistique, la liberté des artistes, Kenneth Mac Millan et les ballets anglais. Marianela Núñez est l’une des danseuses qui m’inspirent. J’aime aussi beaucoup le Stuttgart Ballet, l’English National Ballet, le Ballet de Hambourg… Pour le rôle, je rêve de Nikiya dans La Bayadère.
Christine
Bravo pour cette variation classique, Louise. Vous nous avez offert un vrai moment de danse et ils ne sont pas si courants, même au concours de Lausanne ! En premier lieu, quel heureux choix de variation : un changement très bienvenu après N Aurores au sourire crispé, X Paquitas laborieuses et Y Gamzatti inconsistantes ! Technique contrôlée, laissant le champ à la maîtrise du style, intériorité, inspiration, maturité et une grande musicalité : sincèrement, je le suis régalée en regardant votre variation, une des rares à nous emmener au spectacle plutôt qu’à l’épreuve de concours. Je ne manquerai pas de suivre votre parcours après cette prestation prometteuse.