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Prix de Lausanne – Rencontre avec Miko Fogarty

YAGP, Prix de Varna, Prix de Lausanne il y a deux ans… À 17 ans, Miko Fogarty court les concours autour du monde, qu’elle remporte la plupart du temps. Mais pour sa deuxième participation au Prix de Lausanne, la jeune danseuse n’a pas accédé à la finale. Miko Fogarty a tout de même reçu de belles propositions. Rencontre avec une danseuse surdouée au parcours atypique, découverte dans le film First Position (sur le YAGP).

Prix de Lausanne - Miko Fogarty (variation classique, sélections)

Prix de Lausanne – Miko Fogarty (variation classique, sélections)

 

C’est votre seconde participation au Prix de Lausanne, que vous avait apporté la première ?

Ma première fois au Prix de Lausanne a été une incroyable expérience. J’ai pu y rencontrer des personnes géniales, les juges étaient géniaux eux aussi. J’ai eu le Prix suisse, que j’étais très heureuse de recevoir. Le Prix de Lausanne m’a enrichie, c’est pour cette raison que je souhaitais y revenir, pour toutes les opportunités qu’offre cette compétition.

 

Vous avez bientôt 18 ans. Quelles opportunités venez-vous chercher pour cette deuxième participation à Lausanne ? Où aimeriez-vous aller l’année prochaine ?

Je cherche soit une compagnie, soit une « junior company », ou bien une dernière année d’école, juste avant d’entrer dans la troupe. Je suis au Prix de Lausanne pour la multiplicité d’opportunités, pour voir ce qui vient sur mon chemin. C’est une bonne chose d’avoir différents choix. Je devrai me décider en mars. J’envisage sérieusement de bouger l’année prochaine. C’est vraiment pour avoir plusieurs options que je suis ici.

 

Avez-vous déjà reçu des propositions de la part de compagnies avant le Prix ?

Oui, j’ai eu quelques offres, mais je veux voir ce que Lausanne peut ajouter. Et après le Prix, je pourrai choisir entre toutes les propositions.

Prix de Lausanne - Miko Fogarty

Prix de Lausanne – Miko Fogarty

Quelle serait la compagnie dans laquelle vous rêveriez de travailler ?

La meilleure serait évidemment le Royal Ballet de Londres, ou sinon ailleurs en Europe. J’adore le Dutch National Ballet, par exemple. Il y en a tellement que j’aime… Je pense que le plus important n’est pas seulement que j’apprécie une compagnie, mais qu’elle me convienne. C’est décisif.

 

Comment s’est passée cette semaine au Prix de Lausanne ?

C’était totalement « déjà-vu » par rapport à il y a deux dans, tout me semble être vécu une seconde fois. Mais ça a toutefois été une incroyable semaine. Cela m’a plu de danser devant les juges. Le meilleur reste de rencontrer les autres candidats, d’apprendre à les connaître. Bien sûr, lors du premier ou deuxième jour, nous restons encore un peu dans notre coin car on ne se connaît pas encore. Mais après nous devenons tous amis, c’est ça qui est vraiment sympathique.

 

Vous avez tout gagné, mais vous n’accédez pas à la finale cette année. Comment avez-vous réagi après l’annonce des résultats hier ?

Quand j’ai vu les résultats, j’étais surprise et déçue. J’étais en fait très contente de mes deux passages, classique et contemporain. Je restais tout de même satisfaite de ce que j’avais dansé. Je savais que, même sans aller en finale, j’avais donné en scène quelque chose que j’avais travaillé et dont j’ai été contente. Je suis ici pour les opportunités et je peux toujours les avoir même sans être finaliste. C’est bien d’accéder à la finale, évidemment, mais on peut toutefois avoir de belles opportunités sans y aller, grâce au networking forum. Je m’en réjouis, pour voir ce qui arrivera.

Prix de Lausanne - Miko Fogarty (variation contemporaine, sélections)

Prix de Lausanne – Miko Fogarty (variation contemporaine, sélections)

Avez-vous pu vous entretenir avec un membre du jury ?

Oui, nous avons pu avoir un retour de la part du jury. J’ai eu un entretien avec Ethan Stiefel de l’ABT, il m’a dit de très bonnes choses, m’a conseillé sur les aspects à travailler, a pointé ce qui était bien dans ma danse. Cela m’a beaucoup aidée. J’apprécie vraiment le fait qu’au Prix de Lausanne, nous puissions recevoir ce feedback.

 

Vous avez un parcours différent de celui de nombreux jeunes danseurs et danseuses. Pourquoi êtes-vous restée au conservatoire d’Indiana, alors que vous auriez pu intégrer une grande école ?

J’ai commencé à y aller il y a environ deux ans, un peu par accident. Je faisais une compétition dans la région et j’utilisais leurs studios pour répéter. C’était une période où je cherchais un professeur, un coach ou une école. Avant la finale du YAGP, je me suis entrainée avec les professeurs de cette école, pendant une semaine uniquement. Je me suis rendu compte que j’avais énormément progressé et qu’ils m’avaient énormément aidée. J’y suis alors retournée avant une autre compétition, et y ai travaillé pendant six semaines. J’ai tellement aimé ces professeurs et ils m’ont tellement aidée que j’ai su que si j’y restais une année entière, je progresserais bien plus encore.

Je n’étais de plus pas vraiment sûre de vouloir aller ailleurs, je sentais que c’était le bon endroit pour moi, je suis donc restée.

 

Vous avez fait beaucoup de compétitions, Moscou, YAGP, Varna etc. et vous gagnez souvent. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

Oui, j’en ai vraiment fait beaucoup ! J’espère que ce Prix de Lausanne sera ma dernière compétition… Pourtant, je ne vois pas les concours comme des compétitions, mais comme des expériences de scène et des occasions de rencontrer et travailler avec de nouvelles personnes. C’est le plus important, je ne pense pas du tout à l’esprit de compétition, à être jugée, à me comparer aux autres. Je ne songe qu’à faire de mon mieux et montrer les choses sur lesquelles j’ai travaillées. C’est pour cela que je fais des concours, pour des premières expériences de scène. Ce sont des moments où l’on apprend énormément. Mais vous avez raison j’en ai fait particulièrement beaucoup…

Prix de Lausanne - Miko Fogarty

Prix de Lausanne – Miko Fogarty

On a pu vous voir dans le film First Position (Le Concours de danse), que cela a-t-il changé pour vous ?

Le film First Position a été filmé quand j’avais douze ans. Cela leur a pris ensuite une année entière pour le réaliser, une autre année pour qu’il sorte en salles et encore une supplémentaire pour que les gens puissent le voir. Cela a donc pris du temps pour que le film soit vu et donc pour que l’on me reconnaisse. Je ne sens pas de différence particulière depuis la sortie de ce film. Je suppose que plus de personnes me connaissent et en savent un peu plus de moi. Il est arrivé que des directeurs et directrices de compagnie m’en parlent. On me demande aussi comment va mon frère !

C’était dans tous les cas une très belle expérience et je suis très contente d’en avoir été. Je suis aussi satisfaite du résultat. Nous ne savions pas comment cela allait tourner, dans quel sens irait le film. Cela aurait pu faire un portrait négatif comme positif de la danse classique, parler de la compétition ou des danseur-se-s en particulier. Mais j’ai été très contente de ce qu’il en est advenu, et d’avoir pris part à cette aventure.

 

Vous avez trois nationalités et vivez aux États-Unis, que vous apporte cette diversité culturelle ?

Je suis effectivement Britannique, Suisse et Japonaise, et j’ai la carte verte américaine. En plus de cela, j’ai des professeurs russes. Je suis une sorte de mélange de tout et j’aime ça ! Pour la danse, cela m’apporte beaucoup. Ma mère est japonaise, elle accentue sans aucun doute ma discipline, les Asiatiques étant si disciplinés, ils travaillent beaucoup, pour tout. La part anglaise est plus détendue, mon père est vraiment chouette et il est bien plus relax. Il m’aide à moins stresser tout le temps. Cela m’apporte un très bon équilibre.

J’apprécie indéniablement d’expérimenter différentes cultures. Et puis cela me permet de voyager, puisque j’ai de la famille en Suisse, en Angleterre, au Japon, où je me rends d’ailleurs souvent pour m’entraîner. Cela me plaît beaucoup de voyager, manger diverses nourritures, m’imprégner de différentes cultures.

 

Quel ballet rêvez-vous de danser ?

Le rôle d’Aurore dans La Belle au bois dormant. Ce n’est pas un rôle que tout le monde veut interpréter en priorité car c’est un assez vieux ballet. Mais moi, je l’aime beaucoup. C’est un des ballets qui m’a le plus inspirée quand j’étais plus jeune. Lorsque j’avais environ quatre ans, j’avais une vidéo et je la regardais tout le temps. L’Adage à la rose me plaît particulièrement. C’est clairement un des rôles de mes rêves, même si j’aspire aussi à danser tous les autres classiques.

 

Quelles sont les danseuses que vous préférez, qui vous inspirent ?

Pur ma variation de Paquita, je me suis inspirée du travail de bras d’Ouliana Lopatkina. Mais un grand nombre de danseurs et danseuses m’inspirent. C’est magnifique d’avoir tant de ballerines sur lesquelles se baser. J’aime chacune pour un aspect particulier, les sauts, les ports de bras, la tête, les pirouettes… J’ai un modèle pour chaque chose différente. Parmi mes favorites, il y a tout de même Marianela Nuñez, Alina Cojocaru, Ouliana Lopatkina… Je suis inspirée par tout le monde à Lausanne, et en général tous les jours par des danseurs et danseuses différents. L’inspiration est quelque chose qui change énormément.

Prix de Lausanne - Miko Fogarty (répétition de sa variation contemporaine)

Prix de Lausanne – Miko Fogarty (répétition de sa variation contemporaine)

D’autres arts vous inspirent-ils ?

Oui, vraiment ! J’adore aller dans des musées. Et une des raisons pour laquelle j’ai commencé la danse est parce que je faisais du violon. Ma maman a pensé que le ballet pourrait m’aider un peu. La musique classique m’inspire vraiment beaucoup. Quand je danse une pièce contemporaine j’essaie de me connecter particulièrement avec la musique car c’est si important pour moi, aussi en classique bien sûr. La musique est très inspirante, tout comme d’autres sortes d’art qui surviennent autour de moi.

 

À l’issue du networking forum, Miko Fogarty faisait partie des candidat-e-s à qui l’on a fait des offres. Rendez-vous dans quelques mois pour savoir ce que sera son choix.

 

Commentaires (4)

  • Estelle

    Merci pour cette interview qui répond à pas mal de mes questions sur cette jeune fille … mais pas complètement non plus :-). Je lui souhaite de trouver une place dans une compagnie qui lui plait.

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  • taboga

    oui si avec tous les concours qu’elle fait elle n’a pas de contacts c’est qu’il y a un probleme…
    j’ai des jeunes qui ont fait des concours au moins une fois et qui ont eu des contracts en cies

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    • Amélie Bertrand

      @ Estelle et Taboga : J’espère aussi qu’elle aura une place. Ceci-dit, son profil n’est pas évident, comme elle a fait très peu de contemporain, et sûrement peu d’adage.

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  • petit voile

    Rencontre intéressante. La problématique des jeunes à concours en danse classique aujourd’hui bien repérée est celle dite du corps fatigué avant l’âge. Se pose également la difficulté de l’intégration sociale, assez nette ici où cette jeune fille choisit de travailler dans un conservatoire « de base » quand ses parents avaient les moyens de lui payer des auditions dans des écoles supérieures réputées… aujourd’hui se sent dans sa parole une jeune fille usée par les concours, espérons pour elle d’y trouver une issue heureuse…

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