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La danseuse, un cygne comme les autres

Mercredi 6 juin. Swan de Luc Petton au Théâtre de Chaillot. Avec Anaïs Barthe, Delphine Berdiel, Aurore Castan-Aïn, Aurore Godfroy, Katia Petrowick et Marie Sinnaeve.

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Ahhh, le cygne dans la danse… La figure mythique par excellence, le symbole de la légèreté, le rôle rêvé de toute ballerine, qui dès ses première demi-pointes entend qu’il faut avoir « un long cou de cygne« . Mais Luc Petton n’a pas voulu s’attaquer à la représentation poétique dans Swan. Il s’est bien plus penché sur l’animal. Vous savez, cette sorte de canard au cou bizarre, à la démarche pataude et à la tendance agressive.

Le début de Swan fait néanmoins un peu peur. Scène noire, décor noir. Au fond, une piscine tout en longueur dans laquelle apparaissent quelques danseuses. Devant à droite, un bocal géant, dedans un cygne noir et une danseuse. Le tout sur fond de musique planante. Et pas grand chose qui se passe, à part quelques gestes lents et de rares bruits d’éclaboussure. La danse contemporaine a parfois ce défaut de ne pas danser, et de tout laisser reposer sur le concept, ce qui a toujours une grande tendance à me fatiguer.

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Heureusement, au bout de cinq minutes, Luc Petton s’éloigne bien vite de ce travers, pour plonger et battre des ailes dans la danse. Il n’y a pas de cygnes sur scène à ce moment-là. Pas besoin, il y a les danseuses. Six jeunes artistes en pleine transformations animalesque. Swan, c’est ça : comment l’être humain devient cygne par la danse. C’est donc une étude minutieuse des gestes, un beau travail du dos et des bras, pour arriver à se mettre dans la peau d’un cygne. Comme expliqué plus haut, le but n’est pas de trouver le bras d’Odette, comble de la poésie, mais de recherche le geste de l’animal. Le mouvement est le même finalement, une espèce d’ondulation de l’épaule au poignet, en passant par le coude, mais bien plus brut de décoffrage.

Les danseuses ne sont pas seulement cygnes, elles font aussi partie d’un troupeau. Et dans un groupe de cygnes, observez la nature, il s’en passe des choses. Il y a les envols en commun, le combat pour devenir chef (le cygne est une bête cruel), l’éveil à l’aurore, le temps de repos… comme autant de saynètes jouées par les artistes. Le tout ressemble plus néanmoins à une étude chorégraphique, une recherche du geste, qu’à un véritable ballet. Et l’ensemble garde parfois une presque trop grande austérité pour se laisser séduire sur toute la durée de cette première partie. Qui reste néanmoins la plus intéressante de la pièce.

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Car autre ambiance pour la deuxième. Les lumières s’allument, la pluie tombe, un décor nait… et les cygnes, les vrais cette fois-ci, enfin, arrivent sur scène. Forcément, après être devenu animal, il faut maintenant que les danseuses se mélangent un peu aux modèles. Les cinq premières minutes sont plutôt amusantes, voir interpellantes. Quel drôle de mélange, ces six danseuses si aériennes aux cygnes si patauds sur la terre ferme. On est séduit par cette image mi-champêtre mi-arty. Les artistes inspirent aussi un certain respect face à leur lâcher-prise devant ces animaux, aux réactions forcément imprévues.

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Par rapport à la séance de travail, le lien entre êtres humains et cygnes se fait plus naturellement. Peut-être parce que la chorégraphie est plus écrite et moins improvisée. On reste finalement dans une sorte de ballet, avec des éléments perturbateurs pour pimenter le tout. Mais le concept s’essouffle vite, et l’on cherche un peu trop le sens à tout ça sur les 20 minutes de cette seconde partie. Finalement, Swan ne parle aussi bien des cygnes que quand ces derniers ne sont pas sur scène.

Commentaires (2)

  • J’ai entendu à la radio une présentation de ce spectacle et je cherchais des images à mettre sur les mots entendus, merci pour cet article, je comprends mieux de quoi il s’agit.

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  • @eimelle:De rien 😉

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