Mirror and Music de Saburo Teshigawara
Vendredi 30 mars 2012. Mirror and Musicde Saburo Teshigawara au Théâtre de Chaillot. Avec Saburo Teshigawara, Rihoko Sato, Eri Wanikawa, Kafumi Takagi, Riichi Kami, Nana Yamamoto, Mie Kawamura et Jeef.
Les représentations se divisent en plusieurs catégories. Celles que tout le monde adore, celles où tout le monde s’ennuie, celles que tout le monde déteste, celle que tout le monde déteste sauf vous, et celles que tout le monde adore… sauf vous.
Et ce genre de soirées, c’est assez pénible. L’heure du spectacle est pénible, et les applaudissements le sont encore plus, car fortement culpabilisants. Mais qu’est-ce que j’ai fait pour que je ne ressente pas ce qui a rendu tout le monde si enthousiaste ? Je suis passée à côté de la soirée, je suis passée à côté de la troupe, je n’ai aucune sensibilité artistique, je ne sers à rien, j’arrête tout.
(Ou autre variante, l’autre extrême : moi seul-e détient la Vérité artistique, le public n’est qu’un troupeau mouton applaudissant à n’importe quoi, je me drape dans ma dignité, je quitte la salle le regard légèrement méprisant).
Donc, Mirror and Music de Saburo Teshigawara. Comme le dit si bien le titre, la pièce est une sorte d’étude sur le rapport au miroir, et invariablement la lumière, ainsi qu’à la musique, créée pour l’occasion, stridente comme un trombinoscope.
Visuellement, le spectacle offre d’emblée une perspective intéressante. Par un jeu de miroirs, une sorte de grand roue lumineuse traverse la scène à toute vitesse. Plutôt intriguant… Mais pour en venir à quoi ? Les minutes passent, les lumières continuent de défiler, et la perplexité s’installe.
Car il y a visiblement une chose qu’aime bien faire Saburo Teshigawara, c’est répéter le mouvement. A un niveau qui dépasse la lassitude, il faut bien le dire. Le geste en lui-même n’est pas spécialement complexe, il s’agit surtout d’agiter les bras dans tous les sens en sautillant, courir sur scène. La force viendra de la répétition du mouvement et de la dynamique qu’il crée, pas du mouvement en lui-même.
Mais si grâce à la lumière la pièce garde une unité esthétique, le sens du mouvement se cherche. Qui suis-je ? Où suis-je ? Où-vais-je ? Les danseurs et danseuses semblent se poser la question sans que s’agiter leur donne une réponse.
Alors l’on cherche un moment de grâce, qui peut toujours finir par arriver. Saburo Teshigawara par exemple, est en soi un danseur incroyable, d’un charisme imposant. Mais dont les qualités semblent gâchées par cette certaine simplicité du mouvement, et le sens que l’on cherche désespérément derrière cette débauche d’énergie.
Les huit danseurs et danseuses finissent par se retrouver tous ensemble sur scène, et sautillent sur place. Pendant 10 longues minutes. Qui suis-je ? Où suis-je ? Où-vais-je ? Heureusement que cela a une fin, porté par des applaudissements chaleureux et des bravos qui fusent. Mais à côté de quoi suis-je passée ?
Si vous voulez vous faire votre propre opinion sur le spectacle, Mirror and Music sera disponible gratuitement sur le site Arte LiveWeb, dès la mi-avril et pour une durée de six mois.
elendae
Tu décris très bien ce sentiment de solitude perplexe qui t’étreins quand tu n’as visiblement rien compris à une oeuvre que d’autres acclament, c’est vrai qu’on se sent un peu bête ! je crois que la dernière fois que ça m’est arrivé, c’était pour Rain. Je l’ai vu deux fois, sans parvenir à en saisir l’intérêt sauf pour les jeux de lumière et la partition musicale étrange…L’impression que ce genre d’oeuvre nécessiterait quelques heures de formation préalable pour pouvoir l’apprécier…
Bon d’après ta description je pense que je n’ai pas à regretter de ne pas être allée voir ce spectacle, j’en serais ressortie comme toi.