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Opticon, sur les traces de Philippe Decouflé

Si vous venez régulièrement sur ce blog, vous n’êtes pas sans savoir que Philippe Decouflé s’est installé pour quelques semaines à La Villette. Pour les nouveaux (elles), je résumé. Le chorégraphe français Philippe Decouflé s’est fait une petite rétrospective personnelle. Deux spectacles sont au programme : un best-of de ses œuvres avec Panorama, donné en juin, et son Solo, dansé jusqu’au 14 juillet. Le tout est accompagné d’une grande exposition, également à la Grande Halle de La Villette, Opticon. Visite guidée de cette dernière.

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Commençons ce tour par une généralité : Opticon est une exposition tout ce qu’il y a de plus séduisante. Après 30 ans de création, Philippe Decouflé a ouvert la malle des souvenirs pour retracer d’une jolie façon son parcours. Outre de mieux cerner le personnage, l’expo aiguise les sens. On peut toucher et tester, on peut créer et s’amuser. Un parcours très ludique, un peu fou-fou, et qui résume plutôt bien l’état d’esprit de Decouflé.

La première partie d’Opticon est assez attendue sur la forme. Il s’agit de retracer les plus importantes œuvres du chorégraphe, mais aussi ses courts-métrages et bien sûr la cérémonie d’ouverture des J.O. d’Albertville, à travers quelques objets qui ont marqué la création. Chaque ballet est regroupé en un petit espace, ici un costume, là un programme, par là des photos, des maquettes de décors, ou encore quelques vidéos. Et entre, un vaste pêle-mêle de polaroïdes, souvenirs de tournée et de scène, où l’on croise le chorégraphe à tous les âges, ses danseurs et danseuses, des amis, et même Pina Bausch.

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Et il y en a des choses à montrer, parce que visiblement, Philippe Decouflé est le genre de personne à ne rien jeter. On l’imagine très bien garder le moindre petit carnet de note, parce qu' »On ne sait jamais« , parce que c’est toujours rigolo de se replonger dans les souvenirs de temps en temps. Decouflé danse, Decouflé écrit, et il dessine aussi. Bons nombres de ses carnets personnels sont ainsi composés de dessins, idées pour un costume, ébauche de scénographie, et beaucoup de petites bande dessinées, comme autant de story-board attendant de prendre vie sur scène. Beaucoup de ses notes exposées sont également les restes d’annotation de la chorégraphie. On essaye de comprendre le langage de la notation, on abandonne devant le papyrus géant servant à mémoriser la parade d’Albertville.

C’est ensuite au public de faire le lien entre tout ça. Il n’y a pas d’explication quant au processus artistique, comment l’idée est venue, comment elle a pris forme et comment elle a évolué. C’est à chacun d’imaginer le chemin parcouru entre cette mini bande dessinée sur un cahier d’écolier et cette captation de la première. On s’amuse à chercher une évolution, on trouve les ressemblances entre les différentes œuvres, on tourne autour des très beaux costumes, et si l’on n’a pas en main le processus créateur, on saisit un peu mieux l’esprit général de Decouflé, où se mêle sans problème manga et danse classique.

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La deuxième partie d’Opticon est plus surprenante, et sûrement plus séduisante pour les plus jeunes. Car après avoir regardé, il faut maintenant tester. Philippe Decouflé s’est beaucoup servi de la vidéo dans ses différents ballets. Il a souvent fait créer pour cela des outils spéciaux, permettant de s’amuser en temps réel avec l’image. C’est maintenant au public d’être à leur place. Alors en vrac, on y trouve : un étrange photomaton, des personnages à déshabiller rien qu’en touchant l’écran, une vaste scène de danse sur vidéo qui bougent avec vos pieds, un système à retardement permettant de vous voir courir dans deux sens à la fois, une ombre qui vous poursuit…  Pleins de trucs assez bizarroïdes en fait, qui amusent aussi bien les enfants que les grands. Seul hic, mis à part une installation, on ne voit pas à quoi tout cela a servi dans un ballet. Pas de photos de ce que ça rendait « en vrai », pas de captation. Un peu frustrant pour le-la visiteur-se venu-e avant tout pour la danse.

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Exposition Opticon, à la Grande Halle de La Villette à Paris jusqu’au 15 juillet 2012.

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