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Un avant-goût de Kaguyahime

Kaguyahime, ballet de Jiří Kylián, reprend du service au Palais Garnier dès le 1er février. Une répétition publique a eu lieu le samedi 19 janvier à l’Amphithéâtre Bastille, histoire de donner un petit avant-goût des représentations. La séance a été dirigée par Patrick Delcroix et Elke Schepers, deux assistant-e-s de Jiří Kylián, qui viendra un peu plus tard faire répéter la compagnie.

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La répétition a été un peu plus rapide que prévu, juste 50 minutes. Et pour cause, les différents protagonistes semblaient déjà très à l’aise dans leur solo respectif. Chacun avait déjà dansé le ballet lors de son entrée au répertoire à l’Opéra de Paris, il y a deux ans. Il était donc plus question d’une mise en place, de régler certains détails, que de véritablement creuser le personnage et l’interprétation.

Adrien Couvez démarre cette répétition avec un solo de villageois, sous l’oeil de Patrick Delcroix. C’est une danse pour séduire Kaguyahime, la princesse de la Lune arrivée sur Terre. Le solo est physique, complexe. La danse de Jiří Kylián se nourrit de détails, entre en-dedans et en-dehors, pieds flexes ou tendus, attitudes et positions de mains précises. Voir cette danse d’aussi près permet de mieux en apprécier la complexité. Il n’y a pas grand chose à corriger. Patrick Delcroix va chercher dans les infimes détails, comme une arabesque qui ne va pas assez loin ou un travail de hanche qui pourrait être plus accentué dans les déplacements. Il faut dire que Patrick Delcroix connait très bien Kaguyahime. Il a dansé ce ballet pendant dix ans, alternant les cinq rôles des villageois et Mikado. Aujourd’hui, il le transmet, il est l’oeil de Jiří Kylián, il doit faire respecter la chorégraphies dans ses moindres détails.

Alice Renavand entre ensuite en scène pour le dernier solo de Kaguyahime. Il y a deux ans, c’était cette danseuse qui m’avait le plus touchée, réunissant à la fois une grande pureté et l’élégance d’une princesse. A quinze jours de la Première, Alice Renavand est déjà entrée dans son personnage. Lors de cette répétition, elle est dirigée par Elke Schepers, qui a été la créatrice du rôle en 1988. Elle aussi le connait jusqu’au bout des pieds. Cette scène montre le retour de Kaguyahime à la Lune, écoeurée par la nature humaine. Elle chemine très lentement, du bord de scène au fond du plateau. Elke Schepers explique au public que ce solo est très difficile, en particulier parce qu’il est lent et souvent en équilibre. Mais elle adresse peu de corrections à Alice Renavand, si ce n’est un détail sur ses mains. Ces dernières ne doivent pas être tendues, sans être pourtant sans vie, molles. On send que la danseuse maîtrise bien son rôle et qu’elle aime le danser.

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Le troisième passage est un duo, Adrien Couvez le villageois et  Caroline Bance la citadine, en pleine guerre. Le pas de deux est brutal, très physique là encore. Les deux artistes ont besoin d’être parfaitement synchronisés pour donner cette impression de combat. Certains portés posent problème, les deux répétiteur-rice-s leur donne des conseils de placement (la main un peu plus haut, qu’ils soient plus proches), pour que les complexités techniques soient le plus fluides possible, et donne cette impression de lutte.

Là-encore, cela va très vite, si bien que Patrick Delcroix décide de rajouter un autre extrait au programme, le premier solo de Kaguyahime. Elke Schepers explique au public qu’il s’agit d’un passage délicat, la danseuse étant sur une plateforme de deux mètres sur deux, en hauteur et plutôt instable. Mais le sol du jour est solide, et Alice Renavand y montre déjà une grande maitrise. Elke Schepers lui fait reprendre quelques positions de mains, qui encadrent son visage, quelques détails rythmiques, mais elle est contente. « Le début, c’est magnifique ! ».

Si revoir ces quelques extraits fut très agréable, ce ne fut pas forcément la répétition publique la plus passionnante de la saison. Tout était déjà très au point, en place, et les répétiteur-se-s n’avaient pas forcément grand chose à redire.

Il est par contre évident que, et pour ce ballet ce n’est pas un cliché, le spectacle est aussi bien sur scène que dans la fosse. La musique est jouée entre autres par un groupe de percussionnistes japonais, impressionnants aussi bien musicalement que charismatiquement. Et ne pas les voir change beaucoup de choses. Si j’avais ainsi adoré la musique lors des représentations, elle m’est presque paru fade, voir pénible, avec l’enregistrement. La scène de la guerre est aussi une belle chorégraphie, physique, intense. Mais quand elle est dansée sur scène, entourée des musiciens et de la lumière, c’est tout simplement extraordinaire.

Commentaires (2)

  • « ce ne fut pas forcément la répétition publique la plus passionnante de la saison »
    100% d’accord ! Et même du point de vue strictement « répétition », c’était même très décevant (j’aime les séances où le chorégraphe/répétiteur passe 20 minutes à décortiquer un solo de 2 minutes, quand il invite ensuite le danseur à le refaire en intégrant les corrections, et quand nous, public, pouvons voir la différence….)
    Bref ça aurait pu être mortellement ch–… ennuyeux… si la chorégraphie n’était pas aussi intéressante et les interprètes aussi inspirés. Je n’ai guère de goût pour les adages ou les passages « lents » en général, mais le solo d’Alice aurait bien pu durer une demi-heure, je ne me serai pas lassée je crois 😀

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  • Joelle

    Ca y est ! Les distributions viennent d’être postées sur le site de l’Opéra :
    http://www.operadeparis.fr/saison_2

    Avec tout le ram-dam médiatique autour du beau Benjamin, elles risquent de passer inaperçues !!! 😉 😉

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